Guinea FinTech Week est un évènement annuel consacré à l’innovation financière qui rassemble les professionnels de la finance, des startups, des investisseurs et des décideurs politiques pour discuter de la technologie financière et du développement économique. Ibrahima Kalil Kaba, Président du comité d’organisation du forum, nous parle de cet évènement qui va s’étendre du 13 au 15 septembre 2023, à l’hôtel Riviera Kaloum.
Par Fatma Magassouba
En quelques mots pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Kaba Ibrahima Kalil, directeur général de la société KF invest & consulting et hub manager chez Trustee qui est une structure de soutien à l’entrepreneuriat. Nous accompagnons généralement et investissons en position minoritaire dans les PME et les startups à fort potentiel de croissance.
Vous organisez la première édition de Guinea Fintech Week. Pouvez-vous nous parler du contenu du forum et de ses participants ?
Guinea Fintech Week est un évènement qui s’étend sur trois jours dont le thème est « les défis réglementaires et les opportunités de la FinTech en Guinée », avec des panels et des expositions pour les banques et les entreprises locales ou étrangères qui évoluent dans la technologie financière. Nous avons aussi des ateliers sur la cybersécurité et le cadre légal et réglementaire pour les Fintechs dont les enjeux sont énormes sur la blockchain, l’intelligence artificielle et la levée des fonds. Il y’a aussi une dernière activité qui est l’hackathon, c’est-à-dire un concours d’innovation entre les jeunes universitaires, les entreprises selon les besoins recueillis auprès des banques en vue d’offrir des solutions permettant à ces entités de se développer et d’avoir une meilleure expérience utilisateur.
En résumé il y aura deux tables rondes, la première sur le cadre légal et réglementaire pour les FinTech et la deuxième sur la levée des fonds où l’on fera venir un investisseur venture capitalist (VC) qui animera cette table ronde.
D’où est-ce que vous êtes venu l’idée d’organiser ce Forum ?
L’idée vient d’un diagnostic qu’on a eu à faire sur l’écosystème entrepreneurial. Aujourd’hui, la tendance dans le monde est que la majorité des startups lève des fonds grâce à la FinTech.
En Guinée, il y’a un faible taux de bancarisation et l’un des vecteurs de développement qui peut redresser ce secteur, c’est le développement des FinTech. C’est pourquoi nous avons décidé d’organiser ce forum qui va réunir les décideurs publics, les politiques, la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), l’Autorité de régulation des postes et télécommunication (ARPT), le milieu universitaire, les PME et les startups pour discuter des problématiques et trouver des solutions idoines.
Quels sont vos objectifs et vos attentes pour cette première édition ?
L’objectif de ce Forum est de mobiliser tout l’écosystème entrepreneurial autour des différentes tables rondes, passer en revue les enjeux et les défis auxquels les entreprises évoluant dans le domaine de la FinTech sont confrontées afin de faciliter leur éclosion.
Que pensez-vous du secteur des startups guinéennes actuellement ?
Je ne vais pas parler exclusivement du secteur des startups, mais de l’écosystème entrepreneurial. J’ai l’habitude de dire qu’un écosystème qui marche est tout environnement au sein duquel toutes les parties prenantes se rencontrent autour de la table pour identifier les problèmes et prendre des initiatives pour les résoudre.
Dans le cadre de l’écosystème guinéen, il y’a un problème d’animation, de formation, d’accès au financement et de leadership. Chacun doit revêtir son manteau de leader dans son secteur. Les banques doivent jouer leur rôle en facilitant l’accès au financement, les régulateurs doivent en faire autant, l’Etat doit mettre les mesures d’incitation pour favoriser le climat des affaires, impliquer le milieu universitaire en formant des porteurs de projets. Tous ces mécanismes permettront de dynamiser notre écosystème.
Pourquoi les startups guinéennes ont du mal à lever des fonds par rapport au pays voisin comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire… ?
La question est très complexe parce que le financement à mon sens ne précède pas les questions d’investissement.
Si ces pays sont plus attractifs que la Guinée, c’est parce que les rendements sont beaucoup plus intéressants, les risques d’investissements et des capitaux sont moindres. Ce qui explique l’orientation des investissements vers ces pays.
Pour le cas de la Guinée, il faut travailler sur l’attractivité, la formation des entrepreneurs pour qu’ils puissent proposer d’excellent projets qui peuvent attirer les investisseurs. L’Etat a aussi un rôle à jouer en améliorant les conditions d’investissement.
Avez-vous un dernier message ?
Nous appelons les autorités et toutes les parties prenantes de l’écosystème entrepreneurial à venir se joindre à nous pour qu’on puisse discuter, car c’est dans « les discussions que jaillissent la lumière ». Si la lumière doit venir dans cet écosystème, elle pourrait passer par cet évènement.