Joseph Kabila, ex-président de la République démocratique du Congo, perd son immunité parlementaire. Le Sénat autorise des poursuites judiciaires pour sa supposée participation au groupe armé M23. Une décision jugée éminemment politique.
Le Sénat congolais a voté à une large majorité, la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila, 56 ans et sénateur à vie. Il est accusé par les autorités de soutenir activement le mouvement rebelle M23, qui multiplie les offensives dans l’est du pays. L’auditeur général militaire évoque des faits graves : participation à une insurrection, trahison, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
« Le Sénat autorise les poursuites et la levée de l’immunité de Joseph Kabila », a déclaré le président de la chambre haute Jean-Michel Sama Lukonde, après le vote à bulletins secrets : 88 pour et 5 contre.
Le gouvernement avait saisi la justice militaire dès avril. La commission spéciale sénatoriale, composée de quarante membres, s’est prononcée à l’unanimité en faveur de la levée.
L’entourage de Kabila parle d’un « théâtre politique ». Pour Ferdinand Kambere, secrétaire général adjoint du PPRD, « cette manœuvre vise à détourner l’attention de l’échec du pouvoir dans l’Est ».
L’ancien président, qui n’a pas répondu à sa convocation au Sénat, a quitté le pays fin 2023. Il annonçait en avril son intention de revenir par la région orientale. Depuis, aucune apparition publique n’a confirmé son retour.
Le débat juridique reste ouvert : plusieurs experts rappellent que la levée d’immunité d’un ancien chef de l’État aurait nécessité un vote des deux chambres réunies, à la majorité qualifiée.