Le mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement, avec 76,18 % des voix, à l’issue de trois tours de scrutin organisés en Côte d’Ivoire. Il succède au Nigérian Akinwumi Adesina, dont le mandat s’achève fin août.
Par Habib Tapha Sylla
Ancien président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), Sidi Ould Tah prendra ses fonctions le 1er septembre prochain pour un mandat de cinq ans. Il l’a emporté face au zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et au sénégalais Amadou Hott (3,55 %).
Avec trois décennies d’expérience dans la finance, le développement rural et la coopération internationale, il est considéré comme une figure reconnue du développement en Afrique. Il a notamment dirigé la BADEA pendant près de dix ans, insufflant un nouvel essor à l’institution qui l’a placé ainsi parmi les grandes banques de développement. Il a également occupé des postes au sein de l’Etat mauritanien notamment ministre de l’Agriculture puis de l’Économie et du développement rural, ou même conseiller économique du premier ministre et du président de la République.
L’élection de Sidi Ould Tah intervient à un moment charnière pour la BAD, alors que l’Afrique fait face à des défis économiques majeurs : besoins de financement des infrastructures en forte hausse, inclusion financière encore limitée, industrialisation inachevée, transition énergétique à engager et adaptation urgente au changement climatique. S’ajoutent à cela une dette publique préoccupante dans plusieurs pays, des besoins externes de financement qui dépassent 70 milliards USD par an, ainsi qu’une instabilité politique et sociale persistante. Dans ce contexte, le nouveau président devra renforcer le rôle de la banque dans la mobilisation des ressources privées, tout en consolidant les partenariats stratégiques pour soutenir une croissance durable sur le continent.
Son profil technique et son expérience multilatérale pourraient lui permettre de consolider l’image d’une BAD tournée à la fois vers l’Afrique et vers les partenariats globaux. Reste à savoir s’il imprimera une rupture dans la gouvernance ou s’il s’inscrira dans la continuité de son prédécesseur.