Sur 29 200 000 de grossesses notifiées en 2019 en Afrique de l’Ouest et du Centre, 10 576 000 n’étaient pas planifiées, soit 36 %, révèle le rapport sur l’état de la population mondiale 2022. Pis, 60 % de ces grossesses non désirées se terminent souvent par des avortements.
Par Aly Fall (www.neoafricanews.com)
Le rapport sur l’état de la population mondiale 2022 a été lancé aujourd’hui à Dakar, par les Ministres de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, son collègue de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’enfant, Ndèye Saly Diop Dieng, et la Directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa), Natalia Kanem. Faisant une synthèse du document intitulé « comprendre l’imperceptible : agir pour mettre fin à la problématique négligée des grossesses non désirées », Mme Huguette Bokpé Gnacadja, secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme du Bénin, a révélé qu’en 2019, 29 2000 000 grossesses ont été enregistrées en Afrique de l’Ouest et du Centre dont 10 576 000 non désirées.
À l’échelle mondiale, le rapport estime que chaque année, la moitié des grossesses, soit 121 millions, ne serait pas le fruit d’un choix délibéré. « Plus de 60 % de ces grossesses non désirées se terminent par des avortements dont environ 45 % se déroulent dans des conditions non propices, augmentant le risque de décès maternel. On estime que 5 à 13 % des décès maternels surviennent suite à un avortement, ce qui a un impact majeur sur la capacité des pays à atteindre les objectifs de développement durable », constate le document de synthèse du rapport remis à la presse locale. Le rapport a indiqué aussi que les droits des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et reproductive sont bafoués dans les pays en développement.
Pour la Directrice régionale de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mme Argentina Matavel, ce rapport met chaque dirigeant devant ses responsabilités. « Il nous rappelle la nécessité d’agir ensemble pour bâtir un monde où chaque grossesse est désirée, chaque accouchement sans danger et le potentiel de chaque jeune valorisé et exploité ».
La Directrice exécutive de l’Unfpa, Dr Natalia Kanem, a aussi fait un plaidoyer pour que les droits des jeunes filles soient respectés dans le monde, en particulier en Afrique. « À l’Unfpa, notre credo est un monde où toutes les grossesses sont voulues. C’est l’essentiel de notre travail », a rappelé Mme Kanem. Elle est cependant optimiste au vu des progrès notés dans le domaine de la planification familiale.
Bond de l’accès au planning familial
Selon Dr Natalia Kanem, l’accès au planning familial en Afrique subsaharienne est passé de 9 à 28%. « Ce qui représente presque 20 points avec des disparités régionales », s’est réjoui la patronne de l’Unfpa. Avant d’insister « sur le fait que les filles et les femmes, comme tout le monde, doivent pouvoir décider si elles veulent tomber enceinte avec qui elles veulent faire des enfants et à quel moment ».
Le Ministre Amadou Hott a rappelé que le Sénégal œuvre pour la protection des femmes. « Notre pays a ratifié, au plan international, régional et sous-régional, les instruments juridiques essentiels de protection et de promotion des droits de la femme et de la fille. Nous devons poursuivre cette dynamique en renforçant la communication et la sensibilisation sur les bénéfices de la prévention des grossesses non désirées », suggère M. Hott. « Le gouvernement a également décidé de poursuivre l’objectif de zéro décès maternel évitable en intégrant un ensemble complet d’interventions de santé, y compris la santé de la reproduction et de nutrition, dans les programmes de couverture sanitaire universelle », a-t-il rappelé.