Par Ibrahima Traoré
Après l’embargo de la CEDEAO sur le Mali le 9 janvier 2022, la Guinée était le seul pays membre de cette organisation à laisser ses frontières ouvertes au Mali, ce qui permettait de ravitailler le pays. Jeudi 4 août 2022, cinq ministres maliens ont participé au conseil des ministres sur invitation du colonel Mamadi Doumbouya afin de renforcer les relations entre les deux pays.
Au terme des échanges, l’augmentation des corridors commerciaux entre les deux pays par la matérialisation de certains projets liés aux infrastructures routières et ferroviaires.
La délégation malienne était composée du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop, du ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation colonel Abdoulaye Maiga, du ministre des Transports et des Infrastructures Dembélé Madina Sissoko, du ministre de l’Économie et des Finances Alousseni Sanou, et du ministre de l’Industrie et du Commerce Mahmoud OuldMohamed.
Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement guinéen a indiqué que : « le colonel Mamadi Doumbouya a tenu à rappeler que les deux pays n’ont jamais été aussi proche à une intégration économique comme c’est le cas maintenant. Hier on ne parlait que du port, ensuite des routes et du carburant, aujourd’hui on se projette sur les chemins de fer ».
Axe Conakry-Bamako : un manque à gagner pour la Guinée
En ayant écarté l’idée d’appliquer les sanctions économiques infligées par la CEDEAO au Mali en janvier dernier, la Guinée semble de plus en plus déterminer à rehausser le niveau des échanges commerciaux avec son voisin malien.
« La Guinée était le seul pays à s’opposer à infliger des sanctions économiques contre le Mali. Le pays frère a fait preuve de solidarité et de panafricanisme. Donc c’est un message d’espoir à l’endroit de nos populations que nous devons continuer à travailler pour renforcer notre coopération et pour renforcer l’intégration entre nos deux pays », a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.
Par ailleurs selon un article publié par Jeune Afrique en avril dernier, « seulement 5 à 7% des importations à destination de Bamako passe par le Port autonome de Conakry, 65% transitant par Dakar et le reste par Abidjan, Lomé ou Tema ». La réalisation du chemin de fer d’environ 1 000 km reliant Conakry-Bamako, qui a été longuement évoquée lors des audiences, et l’amélioration du trafic routier entre les deux pays pourraient accroître le transport des marchandises transitant sur cet axe.
Vers la renaissance du projet de fédération Guinée-Mali
Depuis le temps des feux présidents Ahmed Sékou Touré et Modibo Keïta, la citation : « la Guinée et le Mali sont deux poumons d’un même corps » est utilisée quand il s’agit d’un sujet reliant les deux pays. Ces deux présidents avaient essayé de mettre en place une fédération en y ajoutant plus tard le Ghana.
Le 25 mai dernier, un collectif de jeunes « panafricains » était parti de Conakry pour rejoindre la capitale malienne à pied avec pour objectif ‘’favoriser la renaissance d’une fédération Guinée-Mali’’ qui s’élargira au reste du continent. Ces jeunes « panafricains », après un mois de marche, avaient été reçus par le président malien Assimi Goïta le 27 juin 2022 au palais de Koulouba, puis le 12 juillet 2022, par le président guinéen Mamadi Doumbouya au palais Mohamed V.
Par ailleurs, quelques jours avant l’arrivée des ministres maliens en Guinée, l’artiste Salif Keïta, membre du Conseil national de la Transition du Mali avait transmis au Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, « le projet de parachèvement de la fédération Guinée-Mali » lundi 1er août, qui à son tour devait le transmettre à Assimi Goïta.
Les présidents Mamadi Doumbouya et Assimi Goïta pourront-ils achever ce projet de leurs ainés ?
Des actions à développer
Le corridor Conakry-Bamako reste l’un des points focaux de ravitaillement du Mali. Ces derniers temps, le trafic routier s’est intensifié entre les deux capitales.
L’approvisionnement du Mali en carburant, la fluidité au niveau des opérations douanières, ainsi que la facilité de la circulation des personnes et leurs biens afin d’éviter des tracasseries au niveau des postes de sécurité constituent d’énormes défis à relever pour les autorités guinéo-maliennes.
Au lendemain du conseil des ministres du jeudi 4 août, colonel Mamadi Doumbouya a envoyé à Bamako une mission de 12 membres conduite par le ministre Secrétaire général à la présidence Amara Camara afin d’apporter des solutions concrètes et réalisables.