Pour connaître et mesurer l’évolution de l’opinion publique sur la conduite de la transition par le CNRD, pour le retour à l’ordre constitutionnel, Stat view international (SVI), a réalisé un sondage d’opinion sur les attentes et priorités des populations guinéennes. Ce sondage a été initié et financé par Open Society In West Africa (OSIWA).
Par Ibrahima Traoré
Nous vous proposons un petit récapitulatif de ce sondage en partant de l’évènement du 5 septembre à maintenant.
Sur la nécessité de prise du pouvoir par l’armée le 5 Septembre 2021, 88% des personnes qui ont répondu étaient favorables. Un chiffre qui est acceptable si on regarde la situation politique qui prévalait à l’époque, comme les arrestations arbitraires dont étaient victimes certains acteurs politiques et de la société civile qui avaient des opinions divergentes avec le pouvoir en place. En revanche, plus de 80% de la population ont donné leur avis sur les actions entreprises par le CNRD depuis son avènement au pouvoir. Les plus appréciées sont : la création de la CRIEF pour la lutte contre la corruption (87%), la récupération des biens et domaines publics de l’État (84%) et la mise à la retraite des fonctionnaires de l’Administration publique (83%). Toutefois, « la justice doit servir de boussole », terme fréquemment utilisé par la population interrogée, pour rappeler les promesses du Président de la transition lors de sa prise du pouvoir.
Cependant, la majorité des Guinéens sont satisfaits du CNRD pour sa gestion des libertés individuelles et la construction des infrastructures routières… Mais, sur le plan politique, seuls 43% des répondants se disent satisfaits de la manière dont le pays est géré. Ce taux de satisfaction est en baisse de 20% lorsqu’il s’agit d’apprécier la performance des autorités de la Transition dans le domaine de l’amélioration des conditions de vie des Guinéens. Dans l’échantillon interrogé, il n’y a que 6% des acteurs qui sont satisfaits de la performance des autorités actuelles, en matière d’amélioration des conditions de vie des citoyens. Un chiffre qui est pratiquement très faible par rapport aux attentes de la population, vu les circonstances qui ont amené la prise du pouvoir par le CNRD. Néanmoins, les actions les plus appréciées par la population ne sont pas aussi des actions dont les effets pourront se ressentir dans l’immédiat.
Depuis la prise du pouvoir par le CNRD, la durée de la transition reste l’élément essentiel qui attire l’attention de la communauté nationale et internationale. De ce fait, pour les 3/4 de la population, la durée de cette transition ne devrait pas excéder trois ans, à compter de la date de la prise du pouvoir par le CNRD. Ils estiment que ce temps est suffisant pour un retour à l’ordre constitutionnel. En outre, la majorité des participants au sondage d’opinion indiquent qu’il faut prévoir un âge minimum pour être candidat aux élections présidentielle et législatives. Il a été proposé donc pour la fonction de président de la République un âge minimum de 45ans et pour l’Assemblée nationale 40 ans. Au contraire, pour la limitation d’âge aux élections nationales la moitié des acteurs ne sont pas d’accord. Néanmoins, la majorité de la population estime que l’âge maximum pour la fonction présidentielle devrait être de 75 ans et 70 ans pour les députés à l’Assemblée nationale. La Guinée étant un pays à majorité jeune, la limitation d’âge aux élections nationales devrait être une solution pour encourager les candidatures juvéniles.
Concernant la participation aux élections nationales, les 3/4 de l’échantillon ont opté pour une indépendance des candidatures et la durée du mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une seule fois. Mais les 3/4 des acteurs proposent une réduction du nombre des partis politiques à 5 dans les élections nationales. Cette limitation du nombre de partis politiques peut s’avérer complexe avec la diversité des partis politiques existants en Guinée actuellement ; le choix des critères de participation en éliminant d’autres aux élections peut expliquer cela.
Le Président de la Transition est perçu comme une personne qui a de l’autorité par 87% des Guinéens et réputé intègre par 73%. Seul un Guinéen sur deux pense qu’il a une bonne connaissance du pays, qu’il tient parole ou qu’il est équitable dans ses nominations. Au lendemain de la prise du pouvoir, l’immense majorité de la population avait savouré ce changement de régime. Fort malheureux, après ce sondage, la cote de popularité du Président est en baisse. Cela pourrait s’expliquer par la non-satisfaction des conditions de vie des Guinéens (seulement 6% des acteurs sont satisfaits). S’agissant du Premier ministre, 63% estiment qu’il est intègre. Pour la clairvoyance de sa mission, seuls 54% sont favorables et que seul le tiers des répondants trouvent qu’il tient parole ou qu’il est équitable dans ses nominations ou propositions de nominations. Quant au président du Conseil National de la Transition, seul ¼ des répondants pensent qu’il tient promesse ou qu’il est transparent et sincère. Un chiffre peu encourageant pour celui qui gère l’élaboration des lois.
Pour l’heure, les attentes de la population sont énormes. La plupart des répondants estiment que s’ils avaient la possibilité de rencontrer le Président de la Transition, ils lui parleraient de l’employabilité des jeunes, l’organisation des élections et l’amélioration des conditions de vie des Guinéens. Quant aux acteurs, outre l’organisation des élections, ils parleraient aussi de l’équité dans les nominations.
Pour la plupart des pays sous-développés, dont fait partie la Guinée, il est normal que les attentes soient énormes, compte tenu de la précarité des conditions de vie de la population. Le manque des infrastructures de base, le difficile accès à l’eau potable, l’affranchissement du seuil de pauvreté restent les problèmes majeurs auxquels les gouvernants espèrent trouver solution. Reste à savoir si le Président de la Transition répondra aux attentes de la population.
Les objectifs visés et le déroulement de l’enquête
Stat View International, a utilisé la méthode d’évaluation, basée sur la théorie du changement à travers l’approche Computer Assisted Personnal Interviewing (CAPI). Les objectifs poursuivis et recherchés sont, entre autres, d’informer l’opinion nationale et internationale sur les préoccupations et priorités des populations, relatives à la transition, les points forts des actions entreprises, leur durabilité ainsi que les défis à relever.
La taille de l’échantillon
Pour la réalisation de ce travail, il y avait 1 200 répondants (taille de l’échantillon) dans la population générale, dont 1 000 répondants dans les ménages et 200 acteurs de la Transition avec une couverture nationale.
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