Mamadou Angelo Diallo, après près d’une vingtaine d’années d’expérience dans le système des Nations Unies à travers le monde, notamment (la région du Sahel, Haïti, Congo) avant de quitter son poste de responsable des opérations à la Banque mondiale en Guinée pour gérer la coordination du Bureau de suivi des priorités présidentielles (BSPP).
Par Nanfadima Condé
Vous avez quitté la Banque mondiale, une institution internationale pour occuper un poste en Guinée, pourquoi avez-vous accepté cette fonction ?
Dans un passé récent, j’étais de ceux qui se posaient la question de savoir pourquoi la Guinée n’a pas encore fait de grands pas vers la prospérité et le développement. C’est toujours facile de critiquer de l’extérieur, mais ce n’est pas en critiquant seulement qu’on apporte des solutions. Il est important de se poser la question de savoir, qu’est-ce qu’on peut faire également pour son pays. Donc j’ai estimé qu’après avoir acquis tant d’expérience sur le plan international, il était opportun de me mettre au service de mon pays. Je pense que sous la parcelle de responsabilité qui m’a été donnée, je peux contribuer à l’édification d’une nouvelle Guinée. Je saisis l’opportunité de l’interview pour remercier le Général Mamadi Doumbouya, qui a manifesté sa confiance en ma personne en me nommant à ce poste.

Pouvez-vous nous expliquer les principales missions du Bureau de suivi des priorités présidentielles ?
Le BSPP tire son origine du concept « Delivery Unit » qui est une mesure de performance et d’évaluation que beaucoup de pays de la sous-région ont adoptée pour avoir un bureau spécifique en charge des projets prioritaires pour leurs gouvernements. Afin de rendre l’administration publique plus efficace dans la gestion des projets d’investissement public, le président a estimé qu’il fallait mettre en place un mécanisme permettant d’évaluer les projets qui peuvent avoir un impact sur l’amélioration des conditions de vie des populations.
Alors le BSPP a été mis en place avec 6 mandats : mettre en place un mécanisme continu de suivi de l’exécution des projets et programmes prioritaires du président de la République, apporter l’assistance technique nécessaire aux ministères sectoriels, mener des campagnes de communication, mobiliser des financements nécessaires au fonctionnement du BSPP, assurer le suivi du financement et de l’exécution ainsi que l’évaluation de la mise en œuvre des projets en rendant compte régulièrement au président de la République. C’est-à-dire, mettre en place des mécanismes de redevabilité.
Pouvez-vous nous citer quelques projets prioritaires que vous suivez ?
Chaque année nous mettons l’accent sur environ 10 projets prioritaires présidentiels comme le projet de construction des routes et des voiries urbaines dans 11 villes à l’intérieur du pays (Tougué, Koundara, Lélouma, Kérouané, Mali Yembèren, Gaoual).
Le président en a fait une mission personnelle de doter ces villes de 10 km de voiries urbaines, qui n’ont jamais eu de bitumes depuis l’indépendance. Il y a aussi, le projet de construction de la cité administrative à Koloma, car l’État guinéen dépense des milliards dans les frais locatifs des bâtiments pour ses institutions. On compte aussi, le projet d’extension de l’aéroport Ahmed Sékou Touré de Conakry, afin d’accroitre la mobilité dans cet aéroport, et qu’il soit un hub pour accueillir plus de compagnies aériennes dans le long terme.

Depuis votre nomination à la tête de ce poste, quels sont les défis auxquels vous êtes confronté et quelle est votre vision dans le court et moyen terme ?
Au BSPP, nous avons des partenaires techniques et financiers qui veulent accompagner la Guinée dans la réalisation des projets prioritaires, mais il faut que nous ayons des études qui amènent ces partenaires à comprendre ce que nous voulons faire. De plus, il y a tout le mécanisme de suivi, d’évaluation et la phase post projet, c’est-à- dire, après que le projet ait été exécuté, qu’ils suscitent d’autres projets à l’avenir. Les défis sont là, mais ils ne sont pas insurmontables. Nous mettons des mécanismes et des outils qui nous permettent de les relever. Aujourd’hui, ma vision s’inscrit dans celle du président, nous nous efforçons à rendre l’administration publique plus efficace et efficiente dans l’exécution des projets d’investissements publics et mettre en place des mécanismes qui permettent de les réaliser dans un délai imparti. D’appuyer les départements sectoriels qui réalisent les projets d’investissements publics à être efficient et à cultiver l’esprit de redevabilité dans l’exécution de ces projets.
Comment évaluez-vous globalement la performance des services en charge de la gestion du portefeuille présidentiel ?
Chaque structure de l’administration publique a un mandat très clair. Et je pense que ce qui est important, c’est que chaque structure joue sa partition dans l’exécution des projets. Vous avez l’Administration de contrôle de grands projets (ACGP), la Direction de contrôle des marchés publics, la dette, le trésor, le BSPP. Tout ceci constitue une équipe qui travaille comme un seul homme et chacun dans le respect de ses mandats.
Pour finir, après une riche expérience à la Banque mondiale, selon vous, quels sont les défis majeurs du programme Simandou 2040 ?
Aujourd’hui, quelle que soit la richesse de la Guinée en termes de sol et de sous-sol, si nous n’avons pas les ressources humaines qu’il faut, pour tirer le maximum de profit de cette richesse, nous n’entamerons pas le développement durable tant attendu. Il est important que nous fassions de grands efforts sur le renforcement du capital humain. Le programme Simandou 2040, va générer de l’emploi et il faut créer une adéquation entre le besoin du marché et le besoin de formation pour que les emplois que va générer ce programme, puissent trouver la matière en termes de ressources humaines sur le marché guinéen, pour nous éviter d’être supervisés par des étrangers.
Et pour les défis majeurs pour le développement de la Guinée ?
Il faut aussi que nous allions dans le sens de l’innovation, que nous puissions suivre le rythme de l’avancement des nouvelles technologies de la communication et de l’information. Il est également important que je vous le rappelle, que la Guinée est l’un des pays qui dispose les textes les plus structurants. Aujourd’hui, il faut faire beaucoup de sensibilisation au sein de l’Administration publique pour que nous puissions respecter nos politiques sectorielles, nos différentes lois et réglementaire qui existent dans le cadre du programme d’exécution des projets d’investissement public. Si nous le faisons, croyez-moi, nous parviendrons à produire assez de résultats.































