Créée en 2017 par Mohamed Camara, Almamy Soumah, Amadou Niangadou, Anènè, est une marque de vêtement sportwear qui s’impose en Guinée. Rencontre avec les gérants…
Par Ibrahima Traoré
Pouvez-vous nous parler de toutes les étapes de production de la marque Anènè ?
Pour la création des vêtements, nous n’avons pas tout ce qu’il faut en Guinée. Les matières premières sont produites par des partenaires qui sont hors du pays. La deuxième étape de la production : la découpe et le flocage se font localement avec nos équipes.
Vos collections sont produites hors de Guinée. Quels sont les facteurs et vos besoins à prendre en compte pour avoir une usine de production en Guinée ?
Il faudrait un accompagnement financier : des banques et d’investisseurs privés. Puis, un soutien de l’État en termes de garantie auprès de ses créanciers. La mise en place d’une usine de production de textile en Guinée est très coûteuse. De ce fait, nous ne pourrons y arriver seul avec nos maigres moyens. Les banques ne font pas confiance aux jeunes entrepreneurs, nous l’avons appris à nos dépens. Aujourd’hui, nous avons un business qui existe depuis plus de quatre ans, et qui a réussi à avoir une notoriété en Guinée. Nous sommes partis de zéro pour atteindre un certain niveau.
Combien de collections produisez-vous par an ?
Nous avons plutôt l’habitude de faire des collections éphémères en quantités limitées. Cela nous permet d’en faire plusieurs dans l’année. Nous produisons de 70 à 1 000 pièces par collection. Nous pouvons faire 2 ou 3 collections par trimestre. Cette stratégie vient du fait que les gens aiment la rareté, et que nous travaillons beaucoup avec les artistes. Ces stars de la musique aiment avoir une collection unique pour leurs évènements. Ce qui leur permet de s’y identifier et d’avoir la fierté de porter la collection.
Quel était l’investissement de départ ?
On a commencé ce business avec un prêt de 3 000 000 GNF qui nous a été accordé par un de nos proches. Avec ça, on a acheté des articles au marché qu’on a ensuite revendus par le bouche à oreille. Notre force c’est que nous réinvestissons l’argent gagné, en minimisant les dépenses. L’étape suivante a été l’ouverture de notre première boutique. Lors d’un voyage en Chine, nous nous sommes rendus compte que la plupart des vendeurs d’habits ont de petites boutiques et investissent beaucoup dans la vente en ligne. Si vous constatez, toutes nos boutiques sont petites, et nous investissons plutôt dans la vente en ligne et la livraison. Cela réduit considérablement nos coûts et nous permet d’investir sur les priorités pour atteindre nos objectifs.
Dans un pays où l’on préfère porter des marques de luxe, quelle stratégie met-on en place pour imposer son identité cent pour cent locale ?
Il faut avoir confiance en soi et en son produit ! Comprendre le marché local, et mettre en place une stratégie de vente qui facilite l’achat et la mise à disposition des produits aux clients. Grâce à la vente en ligne et un réseau de distribution, nous arrivons à satisfaire aussi la demande européenne avec nos partenaires de ce côté-là.
On sort de 24 mois de crise sanitaire. La crise a-t-elle impacté votre activité ?
Non ! Cela nous a plutôt aidé. D’abord, nous avons beaucoup appris de nous-mêmes. Puis, comme tout le monde, pendant le Coronavirus, nous passions beaucoup de temps sur Internet. Nous en avons profité pour nous former et apprendre des grands noms de ce secteur.
Quelles sont les projections de développement pour Anènè ? Quel est l’effort d’investissement à faire ?
Notre objectif est d’avoir une usine qui profitera à la Guinée et à l’Afrique. Mais pour cela, nous avons besoin que les banques, les investisseurs privés et l’État acceptent de prendre des risques avec nous. Si avec 3 000 000 GNF de fonds, nous sommes arrivés à imposer notre marque et avoir un business viable, imaginez ce qu’on pourrait faire avec un petit coup de pouce financier ?