Après avoir enregistré une stabilité durant l’année 2022, la demande mondiale de pétrole a connu une baisse de 0,9 % au cours des quatre premiers mois de l’année 2023 selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette récession qui se réalise dans un contexte de ralentissement de la croissance économique dans la plupart des pays, est consécutive à la baisse constatée du prix de pétrole mondial de 35 % depuis le mois de juin 2022.
Par Ibrahima Traoré
Ainsi, dans les économies des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), entre décembre 2022 et avril 2023, la demande de pétrole est passée de 46,2 millions de barils par jour (bpj) à 45,2 millions de bpj. « Cette baisse d’un million de bpj ne découle ni des Etats-Unis dont la demande est un peu moins de 21 millions de bpj, ni de l’Europe (environ 14 bpj), où elle est stable, mais du Japon et d’autres économies », a précisé Global Sovereign Advisory.
Cependant dans les pays non-membres de l’OCDE, la demande est restée quasi-stable depuis le début de l’année 2023. En Amérique latine par exemple, la consommation a varié entre 6 à 7 millions de bpj.
Niveau élevé de la production et des exportations du pétrole russe malgré les sanctions économiques
Les sanctions imposées par l’Union européenne (UE) sur les importations du pétrole russe entrées en vigueur en décembre 2022, n’auraient pas eu d’effets escomptés sur l’économie russe. La production et les exportations de pétrole se sont maintenues à un niveau élevé durant les quatre premiers mois de l’année 2023. Selon l’AIE, la production du pétrole brut de la Russie en avril 2023 était d’environ 9,6 millions de bpj ; alors que les exportations ont atteint leur niveau le plus élevé depuis avril 2020 en s’établissant à 8,1 millions de bpj à la fin du 1er trimestre 2023.
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et l’imposition de l’embargo sur le pétrole russe, le pays s’est tourné vers de nouveaux marchés pour l’expédition de son or noir. Les pays asiatiques notamment la Chine, l’Inde et l’Arabie Saoudite ou encore la Turquie ont augmenté leurs importations de pétrole russe. Ce qui aurait permis à Moscou de contourner les sanctions infligées par les européens.
Avant l’invasion des russes en Ukraine, environ 7,54 millions de tonnes de brut russe transitaient dans les ports des pays de l’UE. En avril 2023, ces expéditions ont fortement baissé sur le sol européen en s’établissant à 1,9 millions de tonnes. Contrairement à ses nouveaux débouchés pour les expéditions de son pétrole, seulement 1,52 millions de tonnes brut étaient arrivées dans les ports chinois en février 2022 tandis que l’Inde n’avait pas importé de pétrole russe à cette période. Cependant, les tendances ont fortement évolué en avril 2023. Pékin a débarqué environ 3,6 millions de tonnes brut contre 6,1 millions pour New Delhi. Ce qui fait de la Russie le premier fournisseur de pétrole brut de l’Inde.
Toutefois, Moscou compte explorer de nouveaux marchés pour ses exportations de pétrole. En mars dernier, Alexandre Novak, le vice-Premier ministre, avait fait part de l’urgence d’atteindre les marchés de l’Asie-Pacifique, de l’Amérique latine et de l’Asie centrale.
Reprise de la croissance économique en Chine, probable augmentation de la demande mondiale d’ici décembre 2023
Si la demande de pétrole a augmenté en Asie, c’est uniquement grâce à la Chine dont la consommation a atteint environ 16 millions de bpj au premier trimestre 2023. La reprise de la croissance économique en Chine (4,5 %) aurait joué un rôle important dans cette évolution.
Cependant, les derniers indicateurs conjoncturels de la Chine indiqueraient un ralentissement de la croissance quelques mois après la modification de la stratégie de gestion de Covid-19 par les autorités.
Or selon les prévisions de l’AIE du mois de mai, la demande de pétrole mondiale pourrait accroitre d’ici la fin de l’année 2023. Cette hausse serait tirée à la fois par les économies de l’OCDE dont la demande pourrait augmenter de 1,5 millions de bpj.
Baisse de la production mondiale de pétrole à 1,6 millions de bpj
Malgré l’accord de réduction de la production de pétrole à 1,6 millions de bpj décidé par les Etats membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) le 2 avril dernier, les cours mondiaux sont restés quasi-stable et ont rapidement repris leur tendance baissière au cours de ces dernières semaines.
La production des pays africains notamment le Nigéria, l’Angola et l’Algérie serait à un niveau sensiblement inférieur à celle d’avant pandémie. Cette décision de réduction de la production a été pour ces Etats une diminution de leurs niveaux de revenu pétrolier. « Le manque d’investissements de remplacement nécessaires pour maintenir les niveaux de production existant limite en effet les perspectives de croissance des revenus liées à la production pour ces pays et les rend encore plus dépendant à d’éventuelles hausses de prix », a indiqué le rapport de Global Sovereign Advisory.
Toutefois, les pays membres de l’OPEP qui se réunissent le 4 juin prochain, pourraient avoir des opinions différentes quant à une nouvelle réduction de la production sauf en cas d’anticipations de baisse des prix pétroliers d’ici cette date.