Nommé à la tête du Fonds Africain de Garantie et de Coopération Économique (FAGACE) depuis le 1er juillet 2020, Ngueto Tiraïna Yambaye a été ministre de l’Économie, du Plan et du Développement au Tchad et Administrateur du FMI pour l’Afrique. Il nous parle du FAGACE qui a apporté sa garantie dans le cadre de nombreux projets depuis sa création des pays membres.
Par Anne Marie Kalivogui
En quoi les fonds de garantie constituent-ils un levier accélérateur du développement des pays africains ?
Les Fonds de garantie constituent un levier accélérateur pour le développement des pays africains en offrant une garantie financière aux entreprises et aux investisseurs souhaitant investir dans des projets de développement, aider à réduire le risque perçu par les investisseurs et à encourager l’investissement dans des projets. Ils accompagnent également les États pour leur faciliter l’accès au financement des projets d’investissements publics dans les secteurs clés à des coûts moins élevés (santé, éducation, agriculture…). Ils contribuent donc à la croissance de ces entreprises, création d’emplois, de revenus fiscaux …
Dans le cas du FAGACE, il offre également des services de conseil et de soutien aux entreprises et aux investisseurs pour les aider à faciliter la réalisation de leurs projets de développement de manière efficace et rentable, cela peut inclure de l’assistance technique (juridique, financière).
Pouvez-vous citer quelques réalisations dont le FAGACE aurait apporté une garantie ?
De manière générale, les garanties apportées par le FAGACE s’élèvent à plus de 2 000 milliards de FCFA qui ont permis de mobiliser plus de 3 000 milliards de FCFA dans les économies des pays membres, dont 70 % en faveur du secteur privé. De manière spécifique, il a apporté sa garantie dans le cadre des projets depuis sa création tel que : le projet de construction et de réhabilitation de résidences universitaires au Sénégal, de 3 101 logements sociaux au Bénin, d’une usine de transformation de grains de maïs en farine au Rwanda, d’une usine pharmaceutique au Cameroun…
Quel est le plafond du fonds de garantie par projet et quelle est la procédure pour y accéder ?
Le montant maximum garanti par projet représente 5 % du potentiel d’aval. Toutefois, cette limite peut être relevée avec l’autorisation du Conseil d’administration du FAGACE.
Pour bénéficier de la couverture, la demande de garantie doit être introduite par une banque (cas du financement bancaire) après qu’elle ait évalué le risque, le dossier est transmis au Fonds qui donne son aval après évaluation.
Dans le cas d’une levée de fonds sur le marché financier, la requête est introduite par une Société de Gestion et d’Intermédiation (SGI). Toutefois, dans le cadre de la collaboration avec les autres Fonds de garantie, plusieurs projets d’envergure reçus sont co-garantis ou regarantis.
Comment gérez-vous le partage des risques avec les banques ? Quel est le plafond du FAGACE ?
La quotité maximale à garantir par projet est de 50 % pour les crédits bancaires en principal, 100 % pour les emprunts obligataires en principal et en intérêt suivant les conclusions de l’analyse, 100 % pour les projets bénéficiant d’une re- garantie (couverture) d’un autre Fonds de garantie.
Dans le cadre d’un crédit bancaire, le FAGACE accorde une garantie selon les modalités convenues conformément au principe de la perte finale. La banque appelle la garantie du FAGACE en cas de défaut avéré du client et le Fonds est tenu de régler 50 % du montant garanti immédiatement. Le reliquat est versé à la banque lorsque toutes les diligences de recouvrement notamment la réalisation des autres sûretés ont été effectuées par cette dernière.
Le FAGACE vient de fêter ses 45 ans, à date, la Guinée n’est pas adhérante au FAGACE, pourquoi devrait-elle y adhérer ?
En adhérant au FAGACE, la Guinée pourra bénéficier de l’accès à la garantie du Fonds en faveur des entreprises du secteur privé et sociétés étatiques, ce qui favorisera leur accès au crédit bancaire ; l’accès aux prestations de l’Institut du FAGACE dans le cadre du renforcement de capacité des banques et promoteurs de projets ; l’appui à la mobilisation des ressources pour l’État guinéen et le secteur privé
Pour conclure, quelles sont vos perspectives pour cette année 2023 ?
En 2023, le FAGACE entend renforcer sa collaboration avec les autres Fonds de garanties et Institutions financières internationales afin de drainer le maximum de ressources dans nos pays membres, mieux accompagner les projets de développement qui sont créateurs d’emplois et de richesses. Pour ce faire, une synergie des acteurs est indispensable afin de faciliter la structuration des financements, de mettre l’accent sur l’ingénierie financière, et vulgariser le métier de garantie pour le rendre plus accessible aux différents acteurs de l’écosystème financier. Notre objectif est d’impacter positivement le développement de nos États