L’incendie du dépôt pétrolier de Kaloum survenu dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, pourrait entrainer une baisse des importations des produits pétroliers de 4,2 % pour le reste de l’année 2023, selon l’Institut national de la statistique (INS).
Par Ibrahima Traoré
Hormis les conséquences de la guerre des russes en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, la crise immobilière en Chine et les effets de la pandémie de Covid-19 qui persistent, cette baisse des importations du pétrole aura un impact négatif sur les activités économiques du pays notamment pour le secteur des transports, de l’industrie, des mines, du commerce, etc.
Baisse des activités de transport de 2 %, hausse des l’inflation de 10 % en glissement annuel
Les prévisions actuelles indiqueraient une baisse des activités de transport de 2 % par rapport à la situation normale. Selon le gouverneur de la BCRG, Dr Karamo Kaba, depuis l’explosion des sites pétroliers, les transports interurbains ont connu une hausse de plus de 60 % dans l’ensemble du pays et ont triplé dans certains endroits. « Si cette tendance se poursuit, l’inflation en glissement annuel au niveau national pourrait se situer à plus de 10 % en décembre 2023, contre une prévision de moins de 5 %. Elle pourrait dépasser 15 % dans la région de Conakry alors qu’elle se situait à 8 % en novembre 2023 », a-t-il prévenu lors de la présentation de la Loi de finance initiale (LFI) 2024 aux conseillers nationaux de la transition, le 22 décembre 2023.
Cependant, compte tenu de la crise actuelle, l’Etat guinéen pourrait envisager d’élaborer un plan de riposte avec la collaboration des partenaires techniques et financiers et également transformer certaines cuves à gasoil en cuves à essence. En attendant la mise en place effective de ces mesures, la Guinée s’approvisionnerait en carburant par la Sierra Léone.
Il faut également préciser qu’avant cette explosion, l’Etat guinéen à travers la Société nationale des pétroles (SONAP) avait entamé la construction des nouvelles infrastructures pétrolières à Kodiaran (Mandiana) et à Moribaya (Forécariah).
Une projection d’environ 30 388 milliards de GNF pour les recettes et d’environ 38 030 milliards de GNF pour les dépenses
Lors de la cérémonie de présentation du projet de LFI pour l’exercice 2024 à l’hémicycle du Palais du peuple de Conakry, les prévisions des recettes ont été estimées à environ 30 388,58 milliards de GNF contre environ 27 910 milliards de GNF dans la LFI 2023, soit une augmentation d’environ 9 %. Au titre des dépenses de l’Etat, elles sont projetées à environ 38 030 milliards de GNF en 2024 contre 36 106 milliards de GNF dans la LFI 2023. Soit une augmentation d’environ 5 %.
Selon les perspectives macroéconomiques, le taux de croissance projeté par le gouvernement pourrait atteindre 5,4 % à la fin de 2024 contre 5,7 % qui était prévu en 2023. Le taux de pression fiscale s’établirait également à 13,25 % en 2024.
Par ailleurs, concernant l’exécution du chronogramme de la transition, environ 900 milliards de GNF seraient alloués dont 47 milliards pour le RGPH.
Pour l’atteinte de ces objectifs, le gouvernement envisagerait de poursuivre des réformes notamment la digitalisation des procédures de déclaration fiscale et de paiement des impôts et taxes à travers e-tax et le système de gestion fiscale en Guinée, l’élargissement de l’assiette fiscale, la promotion du civisme fiscal, etc.
Cependant, pour la prise en compte de la crise causée par l’incendie du dépôt pétrolier de Coronthie dans la LFI 2024, le ministre du Budget, Lanciné Condé a indiqué que : « La survenance de l’incendie tragique du dépôt de carburant à Coranthie, après la transmission du projet de Loi de finances 2024 ne permettait pas de prendre en compte cet évènement dans le projet. La construction rapide d’un nouveau dépôt, la prise en charge des effets de la tragédie, la maitrise des fragilités identifiées pendant la catastrophe s’imposent comme une priorité stratégique que votre auguste audience contribuerait à structurer pendant les travaux en commission. Une note vous sera soumise dans ce sens ».