Après la destruction d’un drone malien par l’armée algérienne à la frontière, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont rappelé leurs ambassadeurs en Algérie. En réponse, Alger a adopté des mesures similaires, suspendant également l’entrée en fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso et fermant son espace aérien aux vols en provenance et à destination du Mali.
L’incident survenu dans la nuit du 31 mars au 1ᵉʳ avril dernier à Tin Zaouatine, a provoqué une réaction immédiate de Bamako, qui accuse l’Algérie d’avoir commis une « action hostile préméditée ». Alger rejette fermement ces accusations, affirmant que l’aéronef malien a violé son espace aérien et que son interception était une mesure de protection. L’Algérie a par ailleurs révélé que deux autres incursions similaires avaient eu lieu en août et décembre 2024, renforçant son argument selon lequel cette intrusion n’était pas un cas isolé.
Au-delà de l’incident, cet affrontement diplomatique met en lumière les tensions latentes entre l’Algérie et les juntes sahéliennes. Alger, historiquement influente au Sahel, entretient des relations complexes avec ces régimes militaires qui ont depuis la création de l’AES en 2023, renforcé leur coopération. En adoptant une posture ferme, l’Algérie semble vouloir réaffirmer son autorité dans la région et empêcher une remise en question de son rôle traditionnel de médiateur, notamment sur la question malienne.
De leur côté, Bamako, Niamey et Ouagadougou considèrent cette affaire comme un test de la solidité de leur alliance. En rappelant leurs ambassadeurs, ils montrent un front uni face à Alger, une posture qui pourrait servir à renforcer leur légitimité interne.
Toutefois, cette escalade pose la question des conséquences économiques et sécuritaires d’une rupture prolongée des relations avec l’Algérie, acteur incontournable dans la région.
Si Alger campe sur sa position en invoquant la défense de son intégrité territoriale, l’AES voit dans cette riposte une volonté d’intimidation. Dans un contexte où les enjeux sécuritaires restent majeurs, la rupture du dialogue entre les deux camps pourrait affaiblir la lutte contre les groupes armés qui sévissent au Sahel.
Une désescalade rapide semble nécessaire pour éviter une fragmentation diplomatique qui compliquerait encore davantage la stabilisation de la région.