Le secteur financier guinéen est un acteur essentiel dans la mise en œuvre des actions et stratégies de l’État pour le développement socio-économique du pays. Il regroupe les différentes activités des établissements de crédit, dont les banques et les assurances font partie. Malgré cette période de crise économique mondiale, d’après les principaux indicateurs, le total bilan du secteur bancaire guinéen est à 49 858 milliards GNF au 31 décembre 2022 contre 36 331 milliards GNF en 2021 (+ 37 % sur un an) selon l’APB. Depuis l’indépendance, le secteur financier guinéen a été marqué par de nombreuses réformes structurelles et administratives. Si la Banque Centrale de la République de Guinée est la première institution financière du pays (créée en 1960), la Banque Islamique de Guinée (BIG) est la première banque à capitaux privés (créée en 1983). Toutefois, le paysage bancaire guinéen est dominé par trois banques Ecobank, la Société Générale et la VISTA Bank, représentant environ 55 % du total bilan du secteur (BCRG). Retour sur l’histoire de l’évolution des banques en Guinée et en exclusivité, Eco Finance Guinée vous dévoile le bilan du secteur financier.
Par Alpha Ibrahima Barry et Anne Marie Kalivogui
Créée le 29 février 1960, la Banque de la République de Guinée (BRG) était une institution financière à vocation universelle exerçant à la fois des fonctions d’émission de la monnaie et de banque commerciale et de développement. Un an plus tard, la BRG devient par décret, la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG). En 1961, la Guinée décide de nationaliser les banques étrangères, elle procède alors à l’ouverture de certaines banques dont la Banque guinéenne de Commerce extérieur (BGCE), la Banque nationale de Développement agricole (BNDA)… puis à la création d’autres institutions financières étatiques comme la Banque nationale des Services extérieurs (BNSE) en 1977 et la Banque nationale d’Épargne et de Développement (BNED) en 1979.
Libéralisation du système économique
Le Chef de l’État de la 2e République, le Général Lansana Conté dans un discours tenu en 1985 a opté pour une politique économique libérale. À cet effet, il a fixé les objectifs des nouvelles stratégies qui ont conduit à la liquidation de toutes les banques d’État. L’année suivante, une réforme monétaire a été mise en œuvre afin de faciliter le remplacement du syli par le GNF, provoquant la dévaluation de la monnaie guinéenne de 92 %.
Cette politique établie en 1985, avait également permis la mise en place de nouvelles banques à capitaux mixtes notamment la Banque internationale pour l’Afrique (BIAG), la Banque internationale pour le commerce et l’industrie (BICIGUI), la Société générale des Banques en Guinée (SGBG), l’Union internationale des Banques en Guinée (UIBG)…
Le 1er juin 1994, de nouveaux textes portant règlementation des Établissements de crédit (Loi bancaire) ont étendu les pouvoirs de la BCRG dans la gestion monétaire et la surveillance du secteur bancaire et financier. Au cours de cette période, de nouvelles banques à capitaux privés sont créées dont International commercial Bank (ICB), Ecobank Guinée, First international Bank (FIB), la Banque sahélo saharienne pour l’Investissement et le Commerce (BSIC), la Banque africaine pour le Développement agricole et minier (BADAM) et United Bank for Africa (UBA).
Évolution de la loi bancaire
Le 28 novembre 2013, une nouvelle loi portant sur la règlementation bancaire est promulguée avec les recommandations conformément aux 25 principes du Comité de Bâle, pour la Lutte contre le blanchiment des capitaux et le Financement du terrorisme (LBC/FT) du Groupe d’Actions financières (GAFI) … Cette nouvelle règlementation a favorisé un contrôle bancaire plus efficace. Entre 2010 et 2013, de nouvelles banques s’installent dans le pays, à savoir : NSIA bank, la Banque pour l’Investissement et le Commerce en Guinée (BICG), la Banque du Commerce et de l’Industrie (BCI), Afriland first bank et la Banque nationale de Guinée (BNG). Au terme de l’année 2018, le secteur bancaire guinéen comptait 16 banques actives.
Le secteur bancaire innovant et dynamique
Aujourd’hui, le secteur bancaire guinéen est constitué de 21 établissements dont 2 nouvelles banques commerciales Diama Bank et SFCI Bank (majoritairement à capitaux nationaux).
D’après les récents principaux indicateurs, le secteur bancaire se porte bien (+37% en 2022) grâce à différentes innovations comme le « digital banking », la diversification des moyens de paiements, les partenariats avec les opérateurs téléphoniques, une amélioration du service clientèle…
Dernièrement, les banques ont mis en place des prêts immobiliers à un taux de 5 ou 6% entre 10 et 25 ans pour les fonctionnaires (AGUIFIL), l’ouverture d’une agence bancaire (BIG) dans une station essence (Kamsar Petroleum) à Boké et la mise en place du nano crédit (MTN momo et Ecobank).
Toutefois, malgré les bonnes performances du secteur bancaire, il faut noter que le crédit (immobilier, voiture neuve…) reste toujours inaccessible aux particuliers à cause du taux élevé, le manque d’agences bancaire à l’intérieur du pays, le secteur bancaire a plus tendance à fournir du crédit au secteur public qu’au secteur privé…
Malgré la bonne santé affichée, le secteur bancaire fait face, selon ses acteurs, à un certain nombre de difficultés dont l’approvisionnement en devises, les préoccupations d’ordre judiciaire (les exemples d’Ecobank avec son client Amana, Afriland sur le dossier SACA, DG de la BIG avec un collaborateur…), en plus des pressions fiscales.
Parallèlement aux banques classiques, nous noterons un développement remarqué, dans l’environnement financier guinéen, des Établissements de Monnaie Électronique (le Mobile Banking) dominé par Orange Finances Mobiles. Au 30 septembre 2022, le chiffre d’affaires du secteur était estimé à 642 milliards de GNF. Ce secteur à lui seul, dépasse de loin en nombre de comptes ouverts, les banques et les Institutions de Microfinance.
Promouvoir l’inclusion financière et améliorer l’environnement pour faciliter l’offre des banques au secteur privé et aux populations afin de créer de la valeur ajoutée et assurer une croissance durable, tels sont aujourd’hui les défis des autorités guinéennes.