En raison de sa position géographique, la Guinée jouit d’un climat tropical marqué par une alternance entre la saison sèche et la saison pluvieuse. A l’aube de la fin de la saison hivernale, où de nombreuses familles ont été confrontées à des défis importants tels que les inondations, des éboulements et des coupures d’électricité, l’insécurité a connu une recrudescence dans plusieurs quartiers de Conakry. Notre rédaction a recueilli une quinzaine de témoignages de victimes de cambriolages, illustrant la gravité de la situation durant cette période.
Par Abdoulaye Diallo et Djibril Diarso
La solidarité du voisinage affaiblie par les intempéries
En Guinée, la première ligne de défense contre la criminalité est souvent assurée par le voisinage. Cette solidarité permet parfois de déjouer des délits avant l’arrivée des forces de l’ordre. Cependant en période de fortes pluies, cette dynamique se voit freiner. Le bruit des averses étouffe les cris de détresse et les routes dégradées par les intempéries compliquent l’intervention rapide des secours. Cette situation représente un terrain de jeu pour les cambrioleurs.
Témoignages de victimes : le choc et la résignation
Oumou Magassouba, résidente de Lambanyi, raconte sa mésaventure : « Aux alentours de 3h du matin, un groupe armé et cagoulé a fait irruption dans notre villa, où plusieurs locataires vivent. Entendant du bruit au salon, ma sœur est sortie voir ce qui se passait. Elle s’est retrouvée face aux cambrioleurs et l’un d’eux lui a pointé une arme sur la tête. Il lui ordonna de retourner dans sa chambre, ce qu’elle a fait. Ils n’ont pas pénétré dans les chambres mais ont tout emporté du salon. » Selon elle, tous les locataires ont été victimes de ce cambriolage, mais heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été déplorée.
Ousmane Diallo, directeur général de la société minière CORICA, n’a pas non plus été épargné. « J’ai dû changer de résidence pour assurer ma sécurité », confie-t-il après avoir été victime de cambriolages à deux reprises en deux ans à Nongo.
Un commerçant, sous couvert d’anonymat, a rapporté que ses boutiques ont été vandalisées, entraînant une perte estimée à plusieurs millions de GNF.
En fin août, le cambriolage suivi de l’assassinat d’Elhadj Hassimiou, un grand commerçant à Madina, par des cambrioleurs cagoulés à Kobayah-Kignifi, avait également suscité le désarroi de la population face à l’insécurité galopante.
Les quartiers particulièrement touchés par la vague de cambriolages
Les habitants des quartiers de Kobaya, Lambanyi, Yattaya, Wanindara, Nongo, Bambéto et Sonfonia décrivent une amplification inquiétante des cambriolages pendant la saison des pluies. Fait surprenant : malgré la gravité des incidents, aucune des victimes n’a contacté les forces de sécurité au moment des faits. Pourtant, un numéro vert d’urgence (117) est mis à disposition pour signaler ces crimes. Malheureusement, nous avons constaté que les victimes n’avaient pas connaissance de ce numéro d’urgence.
Des voleurs agissant en toute impunité et sans être inquiété
Au cours de la saison des pluies, les voleurs munis de couteaux, de pieds de biche, de tournevis, de marteaux et même d’armes à feu opèrent sans être inquiétés durant 2 à 3 heures, profitant de l’isolement et des difficultés d’intervention des forces de l’ordre liées aux intempéries. La nécessité de mobiliser plus de patrouilles des forces de l’ordre dans les quartiers, mais aussi de sensibiliser les citoyens sur l’utilisation du numéro vert 117 à tout moment pour mettre fin aux vols.