La diminution de la production de pétrole annoncée mercredi 5 octobre 2022 par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pourrait avoir des conséquences catastrophiques dans le monde. Nous avons demandé à Amadou Doumbouya, Directeur général de la Société nationale des pétroles (SONAP) son avis sur la situation.
Par Alpha Ibrahima Barry
Contexte mondial
Depuis la guerre en Ukraine, le prix du baril cotation mer du Nord (Brent) a augmenté d’environ 45% provoquant une inflation dans le monde. C’est dans cette période difficile que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a annoncé la diminution de sa production de 2 millions de barils par jour à partir de novembre 2022, la diminution la plus importante depuis la pandémie de COVID-19.
Bien que ces derniers jours on note une baisse du prix du baril de moins de 10%, la diminution de production par l’OPEP pourrait provoquer une hausse du carburant et des produits alimentaires et de consommation, ce qui pourrait fragiliser la situation socio-économique des pays dans les prochains mois. Selon Amadou Doumbouya, DG de la SONAP : « Si l’offre est supérieure à la demande, les prix baissent mais si l’OPEP réduit la quantité de production du pétrole, ça devient l’inverse, d’ailleurs mondialement les prix ont commencé à monter ».
Situation en Guinée
La Guinée fait partie des grands consommateurs d’hydrocarbure en Afrique de l’Ouest avec environ 80 millions de litres de gasoil et 50 millions de litres d’essence par mois. Le prix du carburant à la pompe devrait être à 17 000 GNF le litre sans la subvention de l’Etat. L’Etat doit donc injecter au moins 5 000 GNF sur chaque litre de carburant pour soulager la population. A ce rythme combien de temps vont tenir les caisses de l’Etat ?
Interrogé sur une éventuelle augmentation du carburant, le patron de la SONAP répond : « Du fait qu’en Guinée nous importons notre carburant le prix d’achat risque d’augmenter si l’OPEP diminue la production, ce qui devrait aussi augmenter la subvention de l’Etat pour garder le prix à 12 000 GNF », il a ensuite ajouté : « Bien que ça ne soit pas dans l’immédiat, tous les pays du monde pourraient statuer sur le prix du carburant dans 2 ou 3 mois y compris la Guinée, c’est une crise mondiale ».
Réunion en vue de l’OPEP et le prochain G20, à quoi s’attendre ?
L’OPEP et ses alliés ont prévu de se réunir de nouveau pour une session ministérielle le 4 décembre prochain (une première depuis 2020). Cette session sera axée sur des questions d’amélioration des conditions pour les marchés du pétrole et de discuter des volumes de production sur le long terme. Rappelons qu’en 2020, 4 165,1 millions de tonnes de pétrole ont été produites, dont 1 448,4 rien que par l’OPEP.
Le 17e sommet du G20 aura lieu sur l’île indonésienne de Bali du 15 au 16 novembre 2022. L’une des thématiques sur la promotion de la résilience économique et les efforts de relance après la pandémie de COVID-19 sera abordée par les chefs d’Etats. Reste à savoir si la baisse de production de pétrole sera au centre des débats lors de ces deux rencontres stratégiques ? Des mesures préventives seront-elles proposées au niveau mondial ?