Du 9 au 11 mai 2025, Conakry a accueilli la 3ᵉ édition du Week-end africain du droit minier et de l’énergie (WADME), une initiative de l’Institut de formation et d’expertise juridique (IFEJ). Réunissant des experts venus de plus de 15 pays, l’évènement a posé les jalons d’une gouvernance juridique souveraine, équitable et adaptée aux réalités minières du continent.
Dès l’ouverture, un panel sur les « minerais critiques de l’Afrique : visions et réglementation » a mis en lumière les enjeux géopolitiques liés à ces ressources devenues clés dans la transition énergétique mondiale. À cette occasion, Joseph Dopavogui, Directeur national de la Géologie en Guinée, a tiré la sonnette d’alarme : « La plupart des pays africains ne connaissent pas le contenu de leur sous-sol ». Un constat qui illustre le déséquilibre persistant dans la chaîne de valeur minière. En Guinée comme dans de nombreux pays, ce sont les entreprises qui détiennent l’essentiel des données géologiques, au détriment des Etats. Face à cette dépendance, il a appelé à une réforme des cadres réglementaires et un investissement public dans la recherche géologique afin de tirer pleinement profit de ces ressources.
Un autre moment fort fut le panel sur : « la fiscalité minière en Afrique : en jeux et tendances ». Le cas des réformes fiscales dans l’espaces de l’AES (Mali, Burkina Faso et le Niger) a été brillamment exposé par Fatoumata D Diarra, associée gérante, ALT Mali. Selon elle, la révision récente du code minier traduit la volonté de ces pays de reprendre la main sur la gestion de leurs ressources. Parmi les reformes figurent la réduction temporelle, de manière plus encadrée, des clauses de stabilisation autrefois prolongée jusqu’à 30 ans : « on essaie de garantir que les commissions fiscales de l’investisseur au moment de la signature de son contrat ne vont rien changer pendant une certaine période, pour qu’il soit sûr de pouvoir récupérer son capital ». Une taxation de la surproduction et des superprofits a été également introduite, avec des taux pouvant atteindre jusqu’à 50 % comme observé au Mali. Les Etats ont aussi adopté un système de redevance sur l’or, qui permet de d’augmenter les recettes publiques lorsque les prix du marché sont favorables.
En Guinée, des efforts similaires sont en cours notamment, la taxation des plus valus indirectes. Selon Billo Diallo, associé gérant, C2A guinée, l’objectif est « d’empêcher que des cessions à forte valeur échappent au fisc ». Le pays tente également de renforcer le cadre de contrôle des prix de transfert, tout en faisant face à la complexité des chaines de propriétés, souvent dissimulées derrières des sociétés ou des actionnaires. Autres réformes majeures est la mise en place d’un prix de référence pour la bauxite.
Le WADME 2025, s’est achevé par une cérémonie de clôture marqué Achille Ngwanza, Associé jus Africa Cameroun qui a salué la richesse des échanges et l’engagement des participants. En guise de reconnaissance, les panélistes ont reçu la statuette du Nimba, symbole de fécondité, d’abondance et de responsabilité.