Le 3 juin 2025, une centaine d’agents de l’Agence nationale de lutte contre la corruption ont manifesté devant le siège à Kaloum, bloquant l’accès au bureau du secrétaire exécutif, Mohamed Bérété. Quatre d’entre eux ont été arrêtés après une plainte déposée pour séquestration et troubles à l’ordre public.
C’est un bras de fer désormais public entre la direction de l’ANLC et une partie de ses travailleurs. Dans la matinée, les protestataires venus des antennes régionales et de la direction centrale, ont formé une chaîne humaine à l’entrée du siège. L’objectif est d’empêcher que Mohamed Bérété accède à son bureau, qu’ils accusent de gestion « autoritaire » et opaque. L’incident a viré au judiciaire. Saisi dans l’après-midi, le patron de l’agence a déposé une plainte auprès de la direction de la police judiciaire (DPJ). Quatre meneurs du mouvement ont été interpellés et entendus par la police, il s’agit notamment de Patrice Sandouno, Mohamed Lamine Soumah, Souleymane Sylla et Sayon Koïvogui.
Le malaise couvait depuis des mois. En ligne de mire, un nouveau plan de restructuration vivement contesté. Selon les travailleurs, ce projet réduirait l’effectif de plus de 60 %, passant de 150 à 70 postes. En parallèle, des baisses salariales drastiques ont été appliquées depuis août 2024, atteignant jusqu’à 65 % pour certains agents. « On nous demande de lutter contre la corruption, alors que nos droits élémentaires ne sont pas respectés », a confié un manifestant sous anonymat.
À cela s’ajoutent des retards de paiements répétés, et des cas d’agents contractuels sans rémunération ni contrat depuis mars. Le sentiment d’abandon et d’humiliation grandit chez les employés, qui réclament le respect du statut des contractuels, le rétablissement de leurs salaires initiaux, l’application de l’organigramme de Kindia et la création d’un conseil d’orientation pour encadrer la gouvernance de l’agence.
Face à cette crise interne, le gouvernement pourrait être contraint d’intervenir dans une institution censée incarner la probité publique. L’ironie de la situation n’échappe à personne : c’est l’organe chargé de traquer les abus qui est aujourd’hui secoué par une fronde liée à des pratiques jugées arbitraires en interne.