Pour renforcer la coopération entre le Japon et les États africains dans les domaines de l’investissement, du commerce, de l’éducation, de la santé, des NTIC, des transports et des énergies renouvelables, le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a entamé, le 30 avril dernier, une visite officielle dans quatre pays africains, dont l’Égypte, le Ghana, le Kenya et le Mozambique.
Par Ibrahima Traoré
Arrivée au Caire le 30 avril 2023, Fumio Kishida, s’est entretenu avec le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi, au Palais présidentiel, pour évoquer les conséquences de la crise russo-ukrainienne sur l’Afrique, notamment la flambée des prix.
Réduire l’influence de la Chine et de la Russie pour s’ouvrir davantage à l’Afrique
Le voyage de Fumio Kishida en Afrique, qui est une première depuis 2014 pour un dirigeant japonais, serait également motivé par la volonté de son pays de réduire l’influence d’autres puissances économiques sur le continent. Le pays chercherait à renforcer la coopération entre l’Afrique et le G7 dont il assure la présidence en cette période de crise économique mondiale. C’est dans cette perspective qu’il a invité l’Union africaine au sommet du G7 à Hiroshima, du 19 au 21 mai 2023.
Cependant, la Russie se positionne principalement dans l’exportation des céréales, des armes, des matières extractives et de l’énergie nucléaire en Afrique ; et plus de 70 % de l’ensemble du commerce russe avec l’Afrique serait concentré en Égypte, Algérie, Maroc et l’Afrique du Sud.
Selon les données publiées par l’Administration générale de la Douane chinoise, les échanges commerciaux entre la Chine et les pays africains ont atteint un montant record de 282 milliards USD en 2022 (premier partenaire commercial en Afrique). Or, les échanges commerciaux entre le Japon et l’Afrique n’auraient atteint qu’environ 23,5 milliards USD. Ce qui reste un écart important entre ces deux États.
Conscient de cela, le Japon chercherait à concurrencer la Chine et d’autres puissances économiques dans le monde en s’ouvrant davantage à l’Afrique en passant par l’Égypte.
Toutefois, il est important de rappeler que lors de la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD-8), tenue en août 2022 à Tunis, le Japon avait annoncé l’octroi de 30 milliards USD de fonds publics et privés à l’Afrique sur trois ans et la formation de plus de 300 000 africains dans plusieurs domaines.
Les répercussions économiques de la crise russo-ukrainienne au rendez-vous
Étant donné que la Russie est le principal fournisseur de blé à l’Égypte (environ 8 millions de tonnes par an) et un acteur influent de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP), la crise russo-ukrainienne continue d’engendrer des perturbations sur la production et le commerce agricoles dans le monde.
Au cours de sa visite, Kishida et el-Sissi ont assisté à la cérémonie de signature d’un certain nombre d’accords entre les deux États notamment les télécommunications, la première phase de la quatrième ligne du métro et le partenariat entre le ministère de la Coopération internationale égyptien et la Banque japonaise pour la coopération internationale.
« Nous avons passé en revue les défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui, en particulier les répercussions économiques massives laissées par la crise ukrainienne sur les pays en développement notamment la hausse des taux d’inflation, des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, et l’anticipation d’une baisse du taux de croissance », avait rappelé le président égyptien. Par ailleurs, Caire a demandé à Tokyo d’encourager les compagnies nippones à s’installer en Égypte.
Pour sa part, l’Afrique devrait saisir chaque opportunité de financement des projets de développement d’ordre politico-économique, social et sécuritaire en cette période de crise multifactorielle. Les dirigeants du continent doivent continuer davantage à renforcer leur politique étrangère et à stimuler les échanges commerciaux avec d’autres puissances économiques tout en défendant l’intérêt de leur nation.