En Afrique subsaharienne, la bancassurance est un enjeu réel que se sont fixés les principaux groupes de banque et d’assurance depuis près d’une quinzaine d’années. Les établissements africains suivent notamment la voie tracée par leurs confrères européens ou nord africains, surtout marocains où la bancassurance a représenté 25% de l’activité d’assurance en 2017 selon l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS). Aujourd’hui, la synergie possible des deux secteurs est largement et positivement exploitée à l’image du groupe NSIA, fer de lance dans ce processus avec le rachat de la BIAO en 2006 alors 4ème banque ivoirienne, devenue depuis 2015 NSIA Banque CI. Alama Diawara nous explique les avantages de développer la bancassurance.
Par Ibrahima Traoré
Qu’est-ce la bancassurance ?
La bancassurance est la distribution des produits d’assurance par un réseau bancaire. Elle permet de rechercher, créer et développer des solutions d’assurances dédiées spécifiquement aux clients de la Banque. En fonction de la vente de ces produits d’assurances, la banque est rémunérée sur la base des commissions.
Quels sont les avantages de la bancassurance pour une banque ?
D’une part, ce rapprochement avec l’assureur lui permet de fidéliser sa clientèle. Au lieu que ces clients aillent ailleurs prendre des polices d’assurances, il peut les proposés au sein de sa banque. D’autre part, les revenus de la banque sont globalement de deux natures : les revenus risqués liés à l’activité de crédit et les revenus nos risqués issus des commissions. La banque disposant d’un portefeuille de clients, la bancassurance représente une opportunité importante d’augmentation de ses revenus, si elle se donne les moyens de la développer.
Et pour un particulier ?
Le client bénéficie de l’accessibilité à une large gamme de produits auprès de son guichetier, du fait que la banque propose à la fois des produits bancaires et des produits d’assurance. Il bénéficie aussi d’une économie de temps et d’énergie, des produits d’assurance à un coût réduit, puisque les frais liés aux réseaux de distribution n’existent plus et donc une meilleure adéquation entre leurs besoins et les solutions assurancielles proposées.
Peut-on parler des taux des commissions ?
Les taux sont différents des produits existants. Quand on prend la bancassurance, il y a les produits individuels et les produits groupes. Les produits individuels comme l’étude et épargne commercialisées par la bancassurance, les taux varient entre 2,5 à 5 %. Concernant les produits groupes, le taux varie de 10 à 20 %. Vous le savez, quand un client demande un prêt à la banque il y’a une assurance qui est adossé à ce prêt. C’est pour au cas où le client décède par exemple ou il se retrouve totalement invalide, au lieu que la banque fasse un recours au client ou à sa famille pour lui demander le remboursement du prêt, le capital restant c’est l’assureur qui le rembourse à la banque.
Quel est le taux de pénétration de NSIA au niveau du service bancassurance ?
En termes de partenariat bancassurance, sur les 17 banques que compte le marché guinéen, nous travaillons avec 10 banques (Ecobank, UBA, BPMG, Afriland First Bank, Banque Islamique de Guinée, BSIC, Orabank, Access Bank et NSIA BANQUE) la 11e (Coris bank) est en cours de signature et sur les 20 microfinances et mutuelles, nous avons une convention avec 4 (Cofina, Credit Kash, Finadev et Akiba finance).
En 2019 la bancassurance a réalisé un chiffre d’affaires de 1 670 000 000 GNF et 5 335 000 000 GNF en 2021, soit une progression de 219% et nous avons un objectif de 8 017 000 000 GNF a réalisé en d’ici la fin 2022.
Est-ce que la bancassurance est-elle développée en Guinée ?
Le taux de pénétration de la bancassurance, toutes branches confondues est relativement très faible en Guinée vu la potentialité existante sur le marché. Mais notre objectif est de couvrir toutes banques et microfinance en Guinée et être leader sur le marché à l’horizon 2024.
En quoi la bancassurance est-elle un enjeu majeur pour le développement économique de la Guinée ?
Comme déjà dit , NSIA vie assurance, en 2019 on a réalisé 1 670 000 000 GNF. En fin 2021, on était à 5 335 000 000 GNF D’où la progression à peu près 219% de progression. Cette progression contribue d’une part au développement structurelle de la compagnie, de recruter d’autres personnes et surtout de payer plus de taxe à l’État.
Pour conclure, que faut-il faire pour booster ce secteur en Guinée ?
Pour booster ce secteur en Guinée, il faut l’implication totale des directeurs des banques et institutions de Microfinance et l’adhésion des gestionnaires des comptes. Les banquiers ne sont pas encore suffisamment sensibilisés sur l’immense opportunité que constitue la bancassurance. Dans de nombreuses banques, il n’existe pas de poste de bancassureurs. Les banques ont l’air de considérer que c’est une activité marginale alors que si elles prennent la peine d’évaluer le potentiel que cela représente au regard de leurs clients existant et des clients qu’elles pourraient conquérir, elles réaliseraient la mine d’or sur laquelle elles sont assises mais il faudrait également que l’État facilite la régulation au sein des banques et assurances.