Le Comité de politique monétaire (CPM) de la BCRG a procédé à une évaluation de la situation économique de la Guinée au deuxième trimestre 2024, le vendredi 27 septembre 2024. Cette 15e séance présidée par Dr Karamo Kaba gouverneur de la BCRG et président du CPM, a permis à l’institution financière d’analyser les évolutions récentes de la conjoncture macroéconomique du pays, ainsi que les perspectives à court et moyen termes en cette période de crises multifactorielles.
Par Ibrahima Traoré
Au cours de cette session, le Comité a mentionné que l’activité économique de la Guinée est restée résiliente au deuxième trimestre 2024 avec un taux de croissance du PIB réel de 7,4 % en glissement annuel contre 7,9 % au trimestre précédent. Cette résilience serait soutenue principalement par la demande intérieure et celle extérieure.
Le taux d’inflation est également passé de 5,8 % à 5,2 % entre mars et juin 2024. Concernant la zone de Conakry, il s’est établi à 8 % au deuxième trimestre 2024 contre 8,8 % au premier trimestre. En outre sur le marché officiel des changes, en fin juin 2024, « le franc guinéen s’est légèrement déprécié de 0,2 % face au dollar », a indiqué le communiqué de presse du CPM. Toutefois, l’évolution du franc guinéen par rapport à l’euro n’a pas été évoquée.
Augmentation de la masse monétaire à environ 64 000 milliards GNF
Au deuxième trimestre 2024, la masse monétaire a augmenté d’environ 26 % en glissement annuel pour atteindre 64 080,7 milliards GNF contre 60 870,6 milliards GNF en mars 2024. Cette hausse serait due à l’accroissement des avoirs intérieurs nets et de la baisse des avoirs extérieurs nets. Aussi, la liquidité globale du système bancaire s’est chiffrée à 11 557,4 milliards à fin juin 2024. Par rapport à fin mars 2024, elle a connu une baisse d’environ 20 %.
Parlant des finances publiques, le Comité a relevé que la gestion a été « rigoureuse » au deuxième trimestre de l’année 2024. Ainsi, le solde budgétaire a enregistré un excédent de 815,6 milliards GNF soit 1,4 % du PIB contre 3,6 % du PIB au premier trimestre 2024 (2 115,7 milliards GNF).
Identifier les facteurs d’atténuation des risques pour soutenir la croissance
Dans un contexte de reprise des activités économiques post-incendie, l’amélioration de l’approvisionnement en carburant, les éventuelles croissances liées au projet Simandou et les efforts des autorités dans la mise en œuvre de la politique de change pourraient avoir un impact positif sur la dynamique d’évolution économique du pays.
Selon le communiqué, l’inflation en glissement annuel à Conakry s’établirait à 7,8 % en moyenne au troisième trimestre avant de baisser à 7,2 % au dernier trimestre 2024. En fin 2025, elle chuterait à 6,4 % puis remonterait à 7 % au troisième trimestre 2026. Cette hausse serait due aux effets de la hausse de la demande qui résulterait de l’exploitation du mégaprojet Simandou.
Cependant en raison des incertitudes géopolitiques internationales, les éventuelles tensions sociopolitiques que pourraient connaitre le pays en cette fin de la transition, la suspension prolongée de l’exploitation artisanale de l’or et du diamant et les éventuelles catastrophes naturelles, le niveau d’inflation du pays pourrait être plus élevé que prévu dans les prochains mois.
Bien qu’il existe des facteurs d’atténuation de ces risques notamment la baisse attendue des prix alimentaires importés et l’amélioration de l’approvisionnement en électricité, le Comité a décidé de maintenir inchangé le taux directeur et le coefficient des réserves obligatoires à 11 % et 13 % respectivement.