En octobre 2022, les autorités de la transition ont fixé en accord avec la CEDEAO, la durée de la transition pour 24 mois, repartie en 10 étapes à compter du 1er janvier 2023. Cependant, à environ 6 mois de la fin de la transition prévue pour le 31 décembre 2024, le Premier ministre Bah Oury a annoncé le 18 mai, qu’il y a eu un retard dans la réalisation des dix points du chronogramme et que le premier point à savoir le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-4), se déroulera jusqu’en 2025. Une annonce qui n’est pas une surprise.
Par Ibrahima Traoré
Des doutes sur la durée de la transition depuis le discours du Nouvel An du président
Après la sortie médiatique de Bah Oury sur le déclinement des processus électoraux sur RFI le 12 mars dernier, les Forces vives de Guinée (FVG) ont annoncé que la volonté du gouvernement de ne pas respecter les échéances conclues avec la CEDEAO a été exprimée en premier lieu par le président de la transition lors de son discours du Nouvel An, dans un communiqué publié le 2 avril 2024.
En effet, dans son discours de Nouvel An adressé à la nation le 31 décembre 2023, Mamadi Doumbouya avait annoncé la mise en place des délégations communales à la place des conseils communaux et l’organisation d’un referendum constitutionnel au cours de l’année 2024. Cependant, il n’avait pas indiqué la fin de la transition par l’organisation des élections libres et transparentes d’ici le 31 décembre 2024, ce qui avait suscité des doutes chez les acteurs politiques. Le 18 mai 2024, l’interview de Bah Oury sur TV5 a mis fin aux spéculations concernant la fin de la transition en 2024, en vue du retard dans le processus de l’exécution du chronogramme. Il a également assumé ce retard lors de la présentation de la politique générale du gouvernement au CNT, le 27 mai à l’hémicycle du Palais du peuple, et a évoqué par la même occasion, que le référendum constitutionnel se tiendra en fin d’année.
Toutefois, il est important de se poser la question suivante : devrions-nous nous attendre à un prolongement de la durée de la transition jusqu’à l’exécution de tous les points du chronogramme ou une volonté politique du CNRD d’organiser les élections au délai convenu sans respecter le chronogramme ?
À rappeler que les FVG ont indiqué dans leur communiqué du 2 avril, qu’elles ne reconnaitront plus le CNRD à compter du 31 décembre 2024.
Mory Condé a-t-il échoué dans sa mission ?
L’élaboration du chronogramme de la transition et la mission d’organiser les élections d’ici la fin de la transition ont été confiées au ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), à sa tête Mory Condé du 27 octobre 2021 au 19 février 2024. Pour la mise en œuvre du chronogramme établit par le ministre Condé, les autorités auraient besoin d’environ 6 000 milliards GNF avec l’accompagnement des partenaires fi nanciers. Cependant, selon nos sources, les partenaires fi nanciers auraient été réticents dans le financement de la mise en œuvre du chronogramme parce qu’ils n’étaient pas rassurés par le ministre de l’ATD.
Le 28 avril 2023, Mory Condé avait annoncé lors de la présentation du chronogramme aux acteurs sociopolitiques que le « délai de 24 mois sera respecté ». De plus, à l’occasion de la deuxième session du comité de pilotage de suivi-évaluation de la mise en œuvre du chronogramme de la transition le 12 juillet 2023, au MATD, Mory Condé avait affirmé qu’en termes de conduite du processus de retour à l’ordre constitutionnel conformément au délai initialement établi avec la CEDEAO : « que le gouvernement est beaucoup plus en avance ». Par la même occasion, il avait également affirmé que le gouvernement avait mis un montant de 150 milliards GNF pour appuyer le programme de RGPH-4.
Depuis son annonce jusqu’à date, il est du constat général que le gouvernement est en retard par rapport au chronogramme. D’ailleurs, d’après un acteur politique : « dès l’élaboration du chronogramme, il était impossible que son exécution soit respectée dans les délais prédéfinis ».