Au cours de ces dernières années, la situation économique mondiale a été marquée par un ralentissement des activités économiques due à différentes crises notamment la pandémie de Covid-19, la guerre russo-ukrainienne et récemment le conflit entre l’Israël et le Hamas. Les dernières prévisions du FMI indiqueraient une croissance d’environ 3 % en 2023 et de 2,9 % en 2024 après celle de 3,1 % en 2022.
Par Ibrahima Traoré
Malgré ces différents chocs exogènes et avant l’explosion du dépôt des hydrocarbures de Coronthie, « l’économie guinéenne est restée résiliente », a déclaré Dr Karamo Kaba, gouverneur de la BCRG, dans son discours de présentation des vœux de nouvel an aux acteurs du secteur financier guinéen le 5 janvier dernier.
Ainsi, le taux de croissance économique de la Guinée devrait se situer à environ 5,7 % en 2023 contre 5,5 % en 2022. Cet accroissement serait soutenu par les performances de certains secteurs d’activités notamment les mines. Pour l’année 2024, les prévisions du gouvernement de la transition indiquerait que le taux de croissance devrait se situer à 5,4 %.
Baisse du rythme normal des activités économiques
Quelques jours après l’explosion du site pétrolier, certains spécialistes avaient déclaré que « le cœur de l’économie guinéenne avait été touché ». La récente tragédie qu’a connue le pays dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, entrainant des pertes en vie humaines et la destruction des infrastructures publiques et privées aurait des effets négatifs importants sur le secteur des transports, de l’industrie, des mines, du commerce, etc.
Selon le gouverneur de la BCRG, les transports interurbains avaient connu une hausse de plus de 60 % dans l’ensemble du pays. Les prévisions actuelles indiqueraient une baisse des activités de transport d’environ 2 % par rapport à la situation normale. Ce qui pourrait par conséquent engendrer des répercussions sur les prix des denrées alimentaires. Ces effets inverseraient la trajectoire favorable de l’inflation qui était observée dans le pays depuis quelques mois.
Un taux d’inflation à deux chiffres dès le début de l’année 2024
En novembre 2023, le taux moyen de l’inflation en glissement annuel s’établissait à 7,7 % dans la zone de Conakry. Cependant, compte tenu de la situation économique actuelle du pays, l’inflation en glissement annuel au niveau national pourrait s’accélérer pour passer à deux chiffres dès le début de l’année 2024 alors que les prévisions étaient de moins de 5 % avant cette crise. D’ailleurs, lors de la présentation du projet de LFI 2024 aux conseillers nationaux de la transition, le gouverneur de la BCRG avait indiqué que l’inflation pourrait dépasser 15 % dans la région de Conakry.
« Cette nouvelle perspective de l’inflation tient compte des répercutions financières que le plan de riposte immédiat et de construction des nouveaux dépôts de carburant pourrait avoir sur la situation des finances publiques dans un contexte d’augmentation des prix des transports et de reprise des activités économiques », a-t-il déclaré le 5 janvier 2023.
Des réformes engagées par la BCRG avant l’explosion du dépôt des hydrocarbures de Coronthie
Lors de la session du Comité de politique monétaire de la BCRG en septembre 2023, l’institution financière avait décidé de baisser son taux directeur à 11 % contre 11,5 % par rapport au deuxième trimestre et celui des réserves obligatoires à 13 % contre 15 %.
Ainsi, la masse monétaire avait augmenté de 9,6 % en glissement annuel pour s’établir à environ 48 044 milliards de GNF à fin troisième trimestre 2023. La liquidité globale du système bancaire a enregistré également une hausse de 6,7 % en glissement annuel pour s’établir à environ 5 134 milliards de GNF.
Toutefois selon le gouverneur de la BCRG, « le volume global des transactions sur le marché interbancaire a connu une hausse significative en glissement annuel pour s’établir à 3 347 milliards de GNF au troisième trimestre 2023, soit une hausse de 153,6 %. Quant aux réserves de change brut, elles se sont établies de 1 626 millions de USD pour les réserves internationales brutes et 790 millions de USD pour les réserves nationales brutes ». Ce niveau serait suffisant pour couvrir trois mois d’importations des biens et services.
Toutes ces actions mises en place visaient à assouplir les conditions monétaires et de soutenir l’activité économique en couvrant les besoins de financement du secteur privé et public. Cependant avec cette nouvelle crise, l’élaboration rapide d’un nouveau plan de riposte devrait être envisageable.