Après le Salvador il y a un an, la Centrafrique est le deuxième pays au monde et le premier pays en Afrique, à adopter par l’Assemblée nationale, le 22 avril 2022, le Bitcoin comme monnaie légale.
Par Saikou Camara
Dans les textes de loi, il est mentionné que « tout agent économique est tenu d’accepter les cryptomonnaies, comme forme de paiement lorsqu’elles sont proposées pour l’achat ou la vente d’un bien ou d’un service » et que « toutes transactions électroniques en République centrafricaine peuvent être exprimées en cryptomonnaies légalement reconnues et encadrées par des textes de régulation ». Les contributions fiscales peuvent être payées en cryptomonnaies, et les échanges de cryptomonnaies ne seront pas soumis au paiement d’impôts. Cette loi précise qu’une Agence de régulation des transactions électroniques a été créée pour être l’organe de contrôle et de régulation.
Le Bitcoin
Pour faire simple, prenons l’exemple d’une crypto-lover sénégalaise « Mama Africa », qui explique que « le Bitcoin est comme un transfert Orange Money ou Mobile Money qui sont en fait, des monnaies virtuelles, à la différence de rentrer un numéro de téléphone, il faut renseigner une adresse de cryptomonnaies. Pas de frais pour la transaction. Le Bitcoin fait partie de la famille des cryptomonnaies. Il existe plus de 10 000 cryptomonnaies en circulation, dont plus de 80% ne sont pas certifiées par la communauté des cryptomonnaies ». A ce jour, les cryptomonnaies qui dominent le marché sont : le Bitcoin, qui occupe la première place dont la valeur est de 1 Bitcoin (1 btc) pour 339 872 180 GNF, la deuxième l’Ethereum (1 Ether) pour 25 220 122 GNF, la troisième le Litecoin (1 LTC) pour 888 576 GNF.
Plusieurs plateformes de cryptomonnaies existent qui sont plus ou moins fiables. Les plus utilisées sont Binance, Coinbase, Kraken et Bitstamp. Beaucoup de pays comme le Nigeria, le Togo, l’Inde, le Vietnam, le Kenya, l’Ukraine, et autres utilisent les cryptomonnaies dans leurs différentes transactions monétaires. En revanche, seuls le Salvador et la Centrafrique ont légiféré.
La Centrafrique adopte la cryptomonnaie
comme seconde monnaie d’échange
Les spéculations vont bon train sur les raisons de l’adoption rapide de cette cryptomonnaie en Centrafrique. Même les lobbyistes du Bitcoin sont aussi surpris que le reste du monde. Étant donné que la Centrafrique n’est pas reconnue comme un pays ayant une forte communauté d’utilisateurs de cryptomonnaies. Non seulement la Centrafrique, depuis plusieurs années, traverse une crise politique mais son économie exsangue aurait besoin de liquidités pour se reconstruire. Reste que, grâce à la cryptomonnaie les Centrafricains vivant à l’étranger, peuvent envoyer de l’argent à leurs familles restées au pays, en payant moins de frais de transfert. Ainsi, ils pourraient faire des économies car il n’y a pas de frais prélevés avec le Bitcoin. Par conséquent, le rapprochement du pays de la Russie et l’embargo des Occidentaux sur ce pays, rendent difficile toutes aides financières de la Russie à la Centrafrique. Néanmoins, la cryptomonnaie pourrait être la meilleure solution pour la transaction entre les deux pays.
La confiance au Bitcoin
L’un des arguments forts des anticryptomonnaies est la volatilité de la monnaie. Aucune institution du monde ne garantit les transactions financières. Le Bitcoin a le protocole informatique le plus fiable au monde, il n’a jamais été piraté depuis sa création en 2008. De ce fait, de nombreuses institutions du monde adoptent de plus en plus son protocole de contrôle et de validation, qui est la technologie de la blockchain. Le Bitcoin résout beaucoup de problèmes rencontrés par les pays africains, notamment les coûts élevés des transactions et la durée de traitement qui sont quasi-instantanés avec le Bitcoin. Les banques ont le contrôle des transactions (plafonnement des transactions, motif de la transaction), le Bitcoin est décentralisé, les échanges se font entre détenteurs et donnent une incroyable liberté à ses utilisateurs. La critique la plus récurrente des cryptomonnaies est son côté très énergivore. Selon le Digiconolist, le Bitcoin a consommé 134 milliards de kWh en 2021, ce qui est comparable à la consommation énergique de l’Argentine, la tendance étant à la hausse.
Le début du déclin du franc CFA
Après la promulgation de la loi, beaucoup d’Africains ont commencé à croire au déclin du franc CFA considéré comme une monnaie d’asservissement honteux à la France. Cependant, la Centrafrique compte indexer la valeur du Bitcoin au franc CFA pour les différentes transactions financières. La démocratisation du Bitcoin en Centrafrique est loin d’être une réalité avec une couverture en électricité à 14,3% , et seulement 4% de la population avaient accès à internet en 2019 (source : la Banque Mondiale). Le Gouvernement devrait faire beaucoup d’efforts pour mettre les moyens qui rendront accessible cette technologie à la population. D’autres pays, comme le Cameroun, devrait emboîter le pas dans les mois à venir. De même, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale travaille à la mise en place d’une législation commune sur les cryptomonnaies. Les experts financiers estiment que d’ici la fin de l’année, beaucoup de pays et de banques devraient aussi adopter les cryptomonnaies. En conclusion, pouvons-nous estimer que les jours du franc CFA sont comptés en Afrique ?