En exclusivité : Le nouveau Directeur général, Lamarana Barry nous parle de ses 1ere actions, du bilan et des perspectives de la Banque islamique de Guinée (BIG) qui est la première banque privée du pays, inaugurée en 1983 par feu président Ahmed Sékou Touré, et le Prince Mohamed Al Faisal Al Saoud, Président du Conseil de surveillance de Dar AL Maal Al Islami Trust. La BIG est une filiale du Groupe Tamweel Africa Holding présent dans trois pays de l’Afrique de l’Ouest en l’occurrence le Niger, le Sénégal et la Guinée avec une volonté et le souci d’œuvrer pour une finance plus juste dans l’esprit islamique.
Par Aïssatou Camara
Vous venez d’être nommé DG de la BIG, quelles ont été vos premières actions ?
Rassurer mes collaborateurs et leur expliquer ma vision afin qu’ils puissent comprendre où on va et leur faire adhérer au projet. Il est nécessaire d’avoir un personnel heureux pour rendre heureux nos clients. Le pari du capital humain est primordial pour moi. Je me suis également attelé à la réorganisation de l’entité, ce qui est d’ailleurs toujours en cours afin de décloisonner les directions et services, développer des synergies entre les collaborateurs et renforcer la communication entre les différentes parties prenantes de la banque. Nous travaillons activement dans le renforcement du dispositif de contrôle interne et de vigilance tout en affinant notre stratégie commerciale en direction de nos différents segments de clientèle.
Pourriez-vous nous présenter la BIG en quelques chiffres ?
Nous avons connu une année globalement satisfaisante en 2022 avec plus de 10 000 comptes ouverts au courant de l’année avec un encours de dépôts dépassant les 1 200 milliards et plus de 735 milliards d’emplois directs. Les engagements hors bilan quant à eux sont supérieurs à 600 milliards de GNF. Nous avons réussi aussi à lancer notre plateforme de banque digitale qui permet à nos clients de faire des opérations sans se déplacer dans nos points de vente. Aujourd’hui, notre réseau d’agences se situe aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays, dont sept à Conakry et sept autres en province. Nous avons deux autres projets d’agences à lancer avant la fin du second trimestre à Boffa et à N’Zérékoré.
Y a-t-il une différence entre une Banque Islamique et une banque Classique ?
Il existe une réelle différence entre les deux types de banques surtout dans l’approche et la méthode de financement. On retrouve une plus grande transparence dans la finance islamique qui est une finance de grande probité morale. Le Riba (intérêt), la spéculation, le financement des activités illicites et toutes procédures similaires sont proscrits au niveau de ses opérations. Une des innovations que nous offrons aussi et qui n’existe pas dans la banque conventionnelle est le système de partage de pertes et de profits qui caractérise certains modes de financements islamiques.
Décrivez-nous un exemple concret ?
Comme toute institution financière bien organisée, nous proposons un certain nombre de produits et services.
Notre compte épargne islamique ou le Tawfir est un compte d’épargne sous forme de dépôt de placement. Ici le client remet des fonds bien identifiés à la BIG qui se chargera de les faire fructifier en les investissant dans des projets rentables et conformes à la finance islamique (le tawfir permet de se constituer une épargne rémunérée sur la base du principe de « Moudaraba » ou « wakala »). Le compte d’épargne islamique a un mode de fonctionnement très souple puisque le client peut à tout moment faire des versements additionnels ou des retraits.
Que répondez-vous aux personnes qui pensent que la BIG n’est destinée qu’aux musulmans ?
Nous sommes avant tout une banque pour tous, travaillant suivant les principes de la charia au niveau du mode de financement, mais aussi dans la fixation des conditions générales de banque. Nous mettons un point d’honneur sur la transparence et la confiance mutuelle qui est le point de départ de toute transaction commerciale. Aujourd’hui parmi nos clients vous avez de grosses multinationales, des sociétés minières, des PME/PMI, des particuliers/salariés de toutes confessions, des professionnels et des fonctionnaires. Nous collaborons dans un environnement mixte et diversifié avec des personnes de culture différente, les portes de la BIG sont grandement ouvertes à tout le monde sans distinction.
C’est une grande première en Guinée d’ouvrir une agence dans une station essence, comment ce projet s’est construit ?
C’est la vision de deux dirigeants qui s’est concrétisée à travers ce projet innovant. Nous avons jugé d’associer nos deux marques pour mettre nos services à la disposition de la population de Kamsar, une zone minière et stratégique pour le développement économique de notre pays. Cette agence ouverte depuis le mois de novembre contribue à mettre à profit nos produits bancaires pour les particuliers, les PME et les PMI. Nous projetons cette même initiative à Boffa avant la fin du 1er semestre de 2023 toujours avec notre partenaire depuis plusieurs années Louis Camara, Directeur général de Kamsar Petroleum, un champion local avec un sens aiguisé des affaires.
Pour conclure, parlez-nous de vos perspectives pour l’année 2023 ?
Consolider les acquis, renforcer la vigilance, accroître l’image de marque, développer les grandes masses du bilan et les performances tels sont les objectifs recherchés. Nous comptons grignoter une place ou deux dans le secteur et finaliser le maillage de Conakry et ses environs. Pour nous, la stratégie doit être hybride avec des produits digitaux adossés à un réseau bien développé. 2023 verra donc l’émergence et le développement de nos produits digitaux et monétiques orientés aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers. Elle sera aussi l’année de la consolidation des efforts consentis depuis 2018 qui constitue la véritable période d’amorçage de notre banque. En dépit d’un environnement socio-politique et économique délicat, nous estimons que les perspectives sont assez bonnes et que le secteur bancaire continuera son développement et sa modernisation avec l’appui de la Banque Centrale de la République de Guinée.