Par Anne Marie Kalivogui
En cette période de crise mondiale, votre bilan est plutôt positif, pourriez-vous le décrire en quelques chiffres ?
Par rapport à l’année dernière on a enregistré une croissance de nos ressources de 23 %, des crédits consentis de 72 %, du bilan de 23 % entraînant un résultat en hausse de 36 %. Nous avons surtout franchi la barre du milliard de dollars en total bilan. On s’était fixé cet objectif d’intégrer le cercle des grandes banques de la sous-région.
Quelles ont été les mesures qui vous ont permis d’obtenir ces résultats ?
Nos bonnes performances s’expliquent d’une part par un engagement accru dans le financement du secteur pétrolier avec un encours à plus de 235 millions USD sur la SONAP. D’autre part, une amélioration dans la gestion de nos ratios notamment un coefficient d’exploitation en constante amélioration, une gestion rigoureuse du portefeuille de crédit et surtout la confiance que les clients continuent de nous accorder. Il faut comprendre que le métier de la banque consiste à collecter des ressources qui sont par la suite prêter pour le financement de biens et/ou services. ECOBANK a l’avantage d’être pionnier dans la banque digitale avec des solutions permettant la collecte et les paiements de masse sans la contrainte de la gestion opérationnelle du flux physique. Cette forte capacité à mobiliser nous a permis de booster nos prêts à la clientèle mais également de soutenir l’État au travers des investissements en Bons et Obligations du trésor sans oublier le financement des marchés publics.
Comment améliorer le climat des affaires compte tenu des difficultés que rencontre le secteur bancaire ?
L’amélioration du climat des affaires passe par l’instauration d’un système judiciaire plus à même de régler les litiges commerciaux. Il y a donc nécessité à opérationnaliser la cour d’appel de commerce pour éviter le retour des contentieux dans le circuit des tribunaux traditionnels. Par ailleurs, l’instauration d’un cadre d’échange régulier entre le secteur privé et le système judiciaire permettrait de mieux appréhender les difficultés et favoriserait le dialogue.
Le système bancaire également à son rôle à jouer avec la création de la centrale des risques ainsi que du bureau d’information de crédit pour renforcer la maîtrise du risque, favoriser la confiance et réduire le coût du crédit. L’accès au financement à des conditions abordables peut également contribuer à bâtir un climat des affaires propices.
Enfin, tenant compte du fait que l’État est le premier client dans un pays et vu le déficit en termes d’infrastructures justifiant la priorité mise sur ce volet par les autorités, il est nécessaire que les règlements des marchés publics se fassent dans les délais de sorte à inciter le secteur bancaire à positivement regarder le financement des marchés publics. Ceci permettra de soutenir la relance économique.
Sachant qu’on annonce une inflation en 2023, quelles sont vos perspectives ?
L’économie guinéenne reste dynamique et résiliente au vu de la croissance affichée de son PIB dans un contexte marqué par une inflation généralisée. Avec les perspectives d’investissement et de production à venir dans le secteur minier, les projets d’infrastructures initiées par les autorités ainsi que les réformes en cours dont l’une relative au rapatriement des recettes d’exportations, on peut légitimement espérer une relance de l’activité économique sur 2023. Le secteur bancaire devrait naturellement bénéficier de cette relance avec plus d’opportunités de financement en perspectives.
Par ailleurs, le taux de bancarisation reste un défi avec moins d’un million de comptes bancaires sur une population de plus de 14 millions on voit qu’il existe une marge de progression pour les banques de la place.
Pour finir, quelles sont vos perspectives pour 2023 ?
On souhaite mettre l’accent sur le financement des projets d’infrastructures et faciliter l’accès au financement immobilier notamment au travers notre partenaire l’AGUIFIL avec lequel nous avons convenu une enveloppe de 3 millions de USD dans un premier temps. Notre ambition est de participer à la réduction du déficit du parc immobilier en Guinée.
Parmi les axes majeurs sur 2023, on peut également citer la vulgarisation de nos produits digitaux tels que l’application mobile ou les ouvertures de comptes bancaires en ligne, l’innovation dans l’offre commerciale de crédit avec le prêt à taux 0 % et l’ouverture au nano crédit au travers de notre partenariat avec le Group MTN permettant aux détenteurs de « wallet » MTN MOMO d’accéder à de l’argent en 5 minutes via leur téléphone
Nous espérons renforcer notre positionnement sur le marché et parallèlement travailler à l’amélioration de la qualité de service. Cette dernière initiative sera le fil conducteur de notre stratégie sur les 3 prochaines années.