Issue de la 3e génération de Libanais installée en Guinée, Mahmoud a passé toute sa jeunesse à Coleah. Avancer et de trouver des solutions à vos problèmes est le leitmotiv de l’optimiste Mahmoud Akrah, PDG fondateur de Mining House (TMH), spécialisée dans la logistique et les services à destination des entreprises. Il partage son parcours et expérience professionnelle…
Par Boubacar Bah
Pouvez-vous nous parler de Mining House ?
The Mining House, communément appelée TMH est une entreprise créée en 2011 de plus de 300 employés. Auparavant, notre entreprise s’appelait Goodyear SARL et vendait des pneus. Aujourd’hui, nous sommes dans le commerce général, dans la vente et gestion de flotte pneumatique, automobile et groupes électrogènes, le service de construction et de catering pour les entreprises, nous disposons également d’un garage Bosch Car Services. Notre siège est à Coleah et nous disposons de différents sites dans le pays, notamment à Boké.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans différents secteurs ?
Historiquement, nous vendons des pneus, c’est à la suite d’une forte demande de nos clients que nous avons d’abord commencé à vendre aussi les jantes, les consommables pneumatiques. Puis, nous avons ouvert un garage Bosch Car Services pour s’occuper des flottes de véhicules de nos clients. Après avoir développé tout cela, le constat fut qu’il ne nous reste plus que la vente des véhicules même. De ce fait, depuis 2 ans, nous vendons des poids lourds et légers. Nous représentons les voitures Fiat, Jeep, Hyundai et Peugeot. L’objectif est de permettre aux guinéens de pouvoir s’acheter des voitures neuves selon leur possibilité, par paiements échelonnés par exemple. Avec une voiture neuve, vous avez une garantie de 5 ans et notre garage d’experts s’occupe de l’entretien. Nous sommes aussi dans la construction, car c’est ma passion et j’ai grandi avec un papa qui était dans les BTP et qui m’a transmis cet amour.
Avec plus de 300 employés, dites-nous comment vous gérez vos ressources humaines ?
Il faut savoir que 97 % du personnel de TMH est guinéen. Nous avons 6 à 7 étrangers au grand max. Étant distributeur de plusieurs marques, une de nos mesures d’accompagnement, c’est de la formation et beaucoup de sensibilisation, de communication, de moralité dans l’entreprise. On travaille avec un outil qui est un ERP qui est en open source dans la plus grande des transparences avec tout le personnel, tout le monde a accès à l’information. L’idéal pour moi est de miser sur la main-d’œuvre locale, car si je donne le salaire a un guinéen, l’argent reste en Guinée, mais si je le donne à un étranger l’argent irait ailleurs.
Quelle place occupe le client à Mining House ?
Chez nous, le client est roi, le client qui achète un article et celui qui en achète 1000, c’est le même traitement. Par contre, il y a des procédures en place qui font qu’on soit ministre, militaire, civil, pauvre ou riche, c’est une seule procédure et nos agents de recouvrement ont tous les pouvoirs. L’ERP que nous avons est unique à l’échelle de la sous-région à mon avis. Aujourd’hui, notre agent de recouvrement peut bloquer n’importe quel client. Le client est roi, mais il y a des règles à respecter. Et on part du principe que personne n’est au-dessus de la loi, ni nous, ni notre client.
Quel est votre portefeuille client aujourd’hui ?
Notre plus gros client est UMS qui, à l’échelle du pays est incontournable à travers leur client qui est SMB. On espère un retour rapide de Rio Tinto, car c’est un client avec lequel l’effet d’entrainement est très important à l’échelle du pays. On a des sociétés comme BTO qui est un transporteur pour les entreprises d’hydrocarbure, nous avons TotalEnergie, des ambassades comme les USA, la France, l’Espagne, le Brésil, les banques dont Orabank, la banque islamique, NSIA, VistaGui, qui sont tous clients chez nous, les institutions internationales comme l’UNICEF, le PNUD, l’UNFPA, SOBRAGUI, le Haut-Commissariat des Droits de l’Homme, SOGEA SATOM, l’UE, l’AFD, nous avons l’État qui est aussi client, puis des clients lambda. Nous avons une assiette très diversifiée qui nous permet de répartir le risque.
Pour conclure, dites-nous, comment un entrepreneur fait pour rester aussi optimiste que vous en Guinée ?
La Guinée n’est pas un pays facile, ce n’est pas un pays difficile non plus.
Je m’explique : très facile quand on connait le pays, la façon de penser des gens, le fonctionnement du pays. On ne peut malheureusement pas arriver en Guinée et réussir du premier coup. Ce n’est pas comme le rêve américain. En Guinée sans être soutenu ou pistonné, la réussite devient difficile. Malgré tout, il y a énormément de mécanismes qui ont été mis en place pour faciliter les choses ces dernières années : création d’une entreprise en 24 h, s’installer en 48 h, mais cela reste encore difficile. Pour ma part, étant guinéen, ce n’est pas comme si j’avais eu le choix. C’est comme si je vous demandais, pourquoi vous êtes encore en Guinée. Vous direz certainement, parce que je suis guinéen et donc je pense Guinée. Il ne me vient même pas à l’esprit de partir, de changer ou de me déplacer parce que je suis guinéen et ma famille est enterrée à Cameroun. Maintenant je m’adapte au contexte économique et politique du pays pour me maintenir et me développer.